Arie Dirk Bestebreurtje

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Arie Dirk Bestebreurtje

Arie Dirk Bestebreurtje est né en avril 1916 à Rotterdam, aux Pays-Bas. Son père, Anton D. Bestebreurtje avait fait déménager sa famille à Zurich, en Suisse, au début des années 30 à cause d'un changement d'emploi.

Arie a été patineur suppléant au sein de l'équipe de patinage de vitesse néerlandaise aux Jeux olympiques de 1936, mais il n'a pas participé aux compétitions.

Arie a obtenu un diplôme en droit de l'Université de Zurich en 1940. La même année, il a épousé Gertrude M. Bersch, née en 1915 à Sydney, en Australie.

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, la famille a quitté la Suisse pour l'Angleterre via le Portugal. Anton, sa femme et leurs trois filles ont continué leur voyage jusqu'à New York.

Arie et sa femme sont eux restés en Angleterre. Arie s'est enrôlé dans l'armée néerlandaise qui était entraînée par l'armée britannique en Ontario. À cause de sa formation universitaire, de ses aptitudes physiques et de sa maîtrise de plusieurs langues européennes, il s'est porté volontaire pour le OSS, l'office des services stratégiques. Il a fait partie d'une équipe Jedburgh, un groupe de moins de 300 hommes au sein de l'OSS. Leur travail était de sauter en parachute en équipe de trois en territoire occupé en Europe et plus tard en Asie. Ces hommes coordonnaient leurs activités avec les groupes de résistance locaux pour harceler l'ennemi avec une force très supérieure à leurs nombres. Arie a sauté trois fois dans son pays d'origine, les Pays-Bas. Les deux premières fois, il a sauté dans la région de Nijmegen, qui a été décrite en partie dans le film Un pont trop loin. Son dernier saut était près d'Assen. Le mauvais temps a poussé l'équipe a touché sol à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur d'un camp allemand d’où partaient des Juifs des Pays-Bas vers les camps de concentration. Tous les membres de l'équipe ont été capturés ou tués, mais Arie, malgré un pied cassé, a réussi à ramper sous la clôture d’enceinte après 4 jours passés au camp. Il a été sauvé par M. Schutten, qui cultivait les champs voisins du camp. M. Schutten a risqué la vie de sa famille pour cacher ce parachutiste néerlandais.

Arie a survécu à la guerre et ses exploits ont été reconnus par les gouvernements des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, qui lui ont décerné, chacun, la plus haute décoration accordée à un non-ressortissant. Il a également reçu la Médaille d'honneur des Pays-Bas.

En 1946, il est allé à New York rejoindre sa femme et sa fille qui était née en 1943 durant le « blitz », la guerre-éclair. Le couple a eu d'autres enfants, une fille en 1948, un garçon en 1953 et une autre fille en 1954.

En 1954, Arie aurait pu être sur la voie d'une carrière lucrative en droit. Véritable héros de la guerre avec un diplôme hautement reconnu en droit international, il aurait pu faire fortune dans l'aide à la reconstruction de l'Europe, mais il en avait assez du combat, sous toutes ses formes. Son expérience de 5 années de guerre l'a convaincu de choisir une voie différente. Il s'est inscrit au Union Theological Seminary à New York et il est devenu pasteur presbytérien en 1953. Après un bref stage dans une église de la région de New York, il a pris la charge d'une église à Louisville, au Kentucky. Dix ans plus tard, l'église était devenue la plus grosse église presbytérienne de cet état. Arie a alors déménagé à Charlottesville en Virginie. Il a été le pasteur principal d'une paroisse dans cette même ville jusqu'à sa retraite 15 ans plus tard, en 1981. Un an après avoir pris sa retraite, il est mort noyé après que la glace a cédé alors qu'il patinait sur un plan d'eau gelé. Sa femme, Gertrude, est décédée en 2000.

Ses quatre enfants et ses deux petites-filles lui survivent aux États-Unis. Au Pays-Bas, il y a encore beaucoup de membres de sa famille, des deux côtés. La famille immédiate de sa femme vit toujours en Suisse et il y a des cousins lointains en Australie et en Nouvelle-Zélande.

***

Récit de son sauvetage - Le 12 avril 1945 aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, nous avons été occupés par les Allemands pendant cinq longues années. Il est arrivé beaucoup de choses terribles pendant ces années-là. Je ne peux pas aller dans les détails mais j'aimerais vous raconter une chose aujourd'hui, si vous me le permettez.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler était un dictateur qui voulait contrôler le monde, qui voulait être le dictateur du monde entier. Après avoir gagné l'élection, il est devenu quelqu'un de malfaisant qui détestait les Juifs, les chrétiens, les gitans et qui utilisait les camps de concentration pour se débarrasser des gens qu'il appelait des « indésirables ».

Avant la guerre, beaucoup de Juifs avaient fui vers les Pays-Bas après la Nuit de Cristal. Le gouvernement néerlandais avait créé en camp juif appelé Kamp Westerbork qui était une bonne place où rester pour voir ce qui allait se passer en Allemagne. Beaucoup de choses sont arrivées. L'Allemagne est devenue trop puissante. (Je ne vais pas rentrer dans les détails).

Durant la guerre, les Néerlandais avec Radio Orange qui opéraient à partir de l'Angleterre sont devenus un groupe de résistance qui opérait en secret. Ils ont aidé des Juifs, déplacé des armes et en ont récupéré qui étaient parachutées. Ils ont tué et ils ont été tués quand ils étaient pris.

Nos parents appartenaient à la Résistance et avaient un travail dangereux à faire, surtout durant la dernière année de la guerre. On a parlé de l'hiver de la faim. Ils ont caché des gens pour éviter qu'ils aillent dans les camps de concentration, mais Hitler en a tués des millions malgré tout. C'est une introduction à mon histoire du sauvetage du Capitaine A. Bestebreurtje. Je vais l'appeler le Capitaine B. dans mon histoire, qui est une histoire vraie.

Le Capitaine B. était dans l'armée américaine et il avait combattu en Normandie. Il avait survécu au jour du débarquement et à l'opération « Market Garden », dont il est question dans le film Un pont trop loin, et plus tard, il a combattu dans la partie nord des Pays-Bas pour libérer le Camp Westerbork et arrêter le dernier train de Juifs à destination des chambres à gaz. La ferme de mon père était près du Camp Westerbork. J'apportais de la nourriture pour la cuisine toutes les semaines, mais tous les jours, des Juifs étaient arrêtés aux Pays-Bas et amenés dans les baraques et toutes les semaines, des Juifs partaient en train pour les chambres à gaz en Allemagne. Le Camp Westerbork était un camp de rassemblement avant d'envoyer les gens mourir dans les chambres à gaz.

Nous avions appris par la Résistance que les Alliés allaient venir libérer le Camp Westerbork. Le mot de passe pour l'opération était Utrecht. La guerre n'est jamais jolie et parfois très difficile à comprendre. La nuit du 9 avril 1945 a été une nuit terrible, une vraie nuit de guerre, avec des combats sur terre et dans les airs.

Mais le 11 avril 1945, mon père a dit que nous devions trier les pommes de terre pour les prochaines semences et aussi parce que les Allemands allaient venir et qu’ils allaient toutes les prendre et les envoyer pour aller nourrir les Allemands chez eux. La guerre devenait plus dangereuse et l'après-midi de ce jour-là, nous sommes rentrés des champs de bonne heure. Pour une raison quelconque, mon frère Herman est rentré par un chemin plus long. Il est passé à côté d'une hutte de paille et il a entendu crier. C'était un parachutiste, le Capitaine B. qui s'était cassé une jambe. Il avait besoin d'aide et il a demandé à manger et à boire à mon frère en néerlandais.

Qui se serait attendu à une demande en néerlandais ! (Le Capitaine B. était né aux Pays-Bas, ses parents avaient immigré aux États-Unis. Il avait étudié le droit et il étudiait à Berlin avant la guerre. Il avait même rencontré sa femme à l'Université de Berlin. Le Capitaine B. parlait allemand, néerlandais, anglais et quand il est entré dans l'armée, il était déjà avocat en droit international. Pas étonnant qu'on l'ait nommé capitaine.)

Une fois que mon frère a raconté à mon père à qui il avait parlé, mon père est sorti dans la nuit pour aller porter à manger et à boire au parachutiste, mais auparavant, il a demandé le mot de passe à ce dernier. Quand il a entendu « Utrecht », mon père et le capitaine sont devenus amis et mon père lui a dit qu'il viendrait le chercher le lendemain parce qu'il avait besoin d'aide et qu'il ne pouvait pas rester là.

Le 12 avril 1945. Nous étions nerveux à la maison. La guerre et les combats empiraient et nous avions un travail à faire. Papa avait promis d'aller chercher le Capitaine B. qui avait une jambe cassée. Nous avons attelé un cheval à une charrette, mis une boîte dans la charrette et pris deux fourches. Nous sommes partis vers la hutte de paille en prétendant aller chercher du fumier. Quand nous avons pu, nous avons mis le soldat blessé dans la boîte et nous avons continué à charger du fumier. Le soldat dans la boîte pouvait voir les soldats allemands qui devaient penser certainement que le fermier était fou. Une chance qu'ils ignoraient ce que nous cachions sous le fumier.

Nous avions un chargement précieux à ramener à la maison et à soigner. Quand nous avons amené le Capitaine B. dans la maison, nous avons pris ses vêtements et son arme et nous les avons mis en sécurité dans une boîte et les avons enterrés. Nous cachions aussi à la maison deux infirmières qui ont pu soigner sa jambe cassée. Le Capitaine B. parlait bien le néerlandais et il nous a demandé quel jour on était. Quand maman a répondu le 12 avril 1945, il a dit : « Aujourd'hui, c'est ma fête et quel beau cadeau je reçois en étant ici. » Nous avons été doublement contents ce jour-là. Il a dit aussi : « J'ai prié beaucoup, parce que j'étais inquiet. » Ma mère lui a répondu : « Nous devons toujours prier pour l'aide de Dieu, pas seulement quand nous en avons besoin. »

Toutefois, le jour suivant, les sirènes ont retenti et les Allemands avec leurs aides sont venus dans la maison et ont pris ce qu'ils voulaient. Mais Dieu a sauvé le Capitaine B et nous a sauvés aussi en faisant en sorte qu'ils ne le trouvent pas. Il se tenait dans le coin d'une grande penderie avec des vieilleries devant lui. Le soir même, le front s'est déplacé assez pour que nous soyons libres. Une razzia le matin et la liberté le soir. Le même soir, nous sommes allés en ville pour célébrer mais aussi pour donner à la Croix-Rouge un message pour qu'on aide le Capitaine B. avec sa jambe cassée.

Le jour suivant, nous pensions que les Allemands étaient de retour parce qu'un char d'assaut de la Croix-Rouge allemande est entré dans la cour. Ce n'était pas le cas. L'Allemand qui avait été capturé avait dû aider à ramasser les soldats blessés et les morts. Cinq soldats alliés avaient libéré notre petite ville. Beaucoup de soldats allemands ont été tués. Le char d'assaut de la Croix-Rouge apportait aussi du café, du chocolat, des friandises, du vrai pain et d'autres choses. Nous n'avions pas vu ces vrais produits depuis des années. Les Allemands prenaient tout pour l'envoyer dans leur pays.

Ma mère pouvait enfin faire à nouveau du vrai café, mais elle a dit que le conducteur allemand n'allait pas en avoir. Ce à quoi le Capitaine B. a répliqué : « Il aura lui aussi du café parce qu'il a fait son devoir ».

Le Capitaine B. est parti après de nombreux au-revoir et la promesse qu'il nous écrirait un jour à propos de sa famille aux États-Unis.

Le jour après son départ, nous avons eu peur. Un avion allié a volé au-dessus de la ferme et a jeté quelque chose. C'était la vieille pantoufle de mon père que la Capitaine B. portait encore le jour de son départ. Le pilote a fait un dernier salut avec son avion avant de s'éloigner.

Cette histoire vraie s'est déroulée aux Pays-Bas en avril 1945, la dernière année de la guerre.

Mais la véritable partie de l'histoire est que nous sommes toujours en contact avec la famille Bestebreurtje aux États-Unis. Il y a encore aujourd'hui des visites des deux côtés de l'Atlantique et la famille Bestebreurtje vient également aux Pays-Bas.

Photographie du jeune Arie, portant une moustache.
Photographie du jeune Arie, portant une moustache.