Un portrait incomplet du Canada

Les photographies capturent le temps. Elles racontent des fragments d’histoires.

Le Musée est rempli de photographies. Dans nos expositions permanentes, une immense photographie de 1914 des passagers du SS Komagata Maru domine une partie de notre Musée, du sol au plafond. C’est le souvenir troublant de visages refusés par les politiques d’immigration racistes de l’époque. Dans la section du Musée consacrée à l’histoire de notre bâtiment, le Quai 21, on trouve une autre grande photographie d’une vaste salle d’immigrants néerlandais assis sur de longs bancs pleins, attendant leurs examens médicaux et leurs entrevues d’immigration pour monter dans les trains en route vers le reste.

L’un des murs d’une section du Musée est décoré d’un énorme tirage d’une vieille photographie en noir et blanc montrant des personnes blanches dans une grande salle d’attente. Toutes regardent la caméra.
Cette image des immigrants européens accueillis au Canada contraste avec ceux que le Canada a exclus par sa politique officielle. (Immigrants néerlandais dans la nouvelle salle d’assemblée du terminal des chemins de fer canadiens à Halifax, vers 1930.)
Crédit : Bibliothèque et Archives Canada, fonds du ministère de la Défense nationale/c036146
Sur un mur du Musée, un grand tirage d’une photo en noir et blanc montre une trentaine d’hommes et d’un petit garçon en turbans à bord d’un navire. Tous regardent la caméra.
Passagers du Komagata Maru, vers mai-juillet 1914. Gurdit Singh (en avant, à gauche) a organisé le voyage pour tester l’exclusion des sujets britanniques de l’Inde par le Canada. Hommes et garçons sikhs à bord du Komagata Maru.
Crédit : Photo de Leonard Frank, courtoisie de la Bibliothèque publique de Vancouver. Numéro d’accession : 6231.

Parallèlement, nos deux expositions temporaires actuelles sont centrées sur la photographie. L’univers de Yousuf Karsh : L’essence du sujet présente plus de 100 portraits emblématiques de certaines des personnalités les plus importantes du 20e siècle. Une exposition temporaire plus petite, SS Maasdam, qui sera lancée à la fin du mois, présente des photographies et les récits de cinq familles néerlandaises qui ont voyagé au Canada sur le même navire.

Un père, une mère et deux fillettes de moins de 10 ans, habillés en vêtements des années 1960, sont assis sur la couchette du bas dans une cabine de bateau bondée. Ils sont à l’étroit, mais ils sourient.
Iris Tesseron, qui a créé l’exposition temporaire SS Maasdam, est représentée enfant avec sa famille dans l’une des cabines du navire en route pour le Canada.
Crédit : Collection Tesseron

Les photographies et autres objets exposés ne sont que la partie visible d’un grand iceberg.

Comme la plupart des musées, nous avons une grande collection, dont la plupart n’est pas exposée. Notre collection comprend près de 18 000 photographies. Il s’agit notamment d’images de navires arrivant au Quai 21, d’images de nouveaux arrivants au Canada faisant de la luge pour la première fois, et d’images d’ouvertures officielles de centres culturels. Il y a des anniversaires, des voyages en canot, et des mariages. Il y a des repas du ramadan, des bar mitzvas, des célébrations du Nouvel An chinois. Il y a des réunions de famille, des fêtes, des funérailles.

Photographie en couleur de Lyndon Horrace Hibbert faisant du camping en 2005. Il est accroupi près d’un feu, il cuisine et porte des vêtements de pluie. Deux personnes sont assises à côté de lui et il y a une personne et une tente en arrière-plan.
Lyndon Horrace Hibbert est né aux Bahamas de parents jamaïcains et est arrivé au Canada alors qu’il était enfant. Ici, il cuisine sur un feu ouvert dans l’un des parcs nationaux du Canada.
Crédit : Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2016.478.1)

La somme de ces images constitue un portrait immensément riche, complexe et nécessairement incomplet d’une nation. Incomplet, car il existe encore des histoires sous-représentées d’immigrants de certains pays d’origine. Incomplet, car l’immigration canadienne a ses racines dans une période qui précède la photographie. Et incomplet aussi parce que l’immigration au Canada continue à ce jour. Et, ce faisant, le portrait du Canada change et évolue.

Les photographies sont rendues plus puissantes par les histoires qui les accompagnent : l’identité de ces personnes et où elles en sont dans leur parcours de vie. Le Musée canadien de l’immigration du Quai 21 continue de rechercher et de recueillir des histoires sous toutes leurs formes dans le but de représenter tous les immigrants canadiens et leurs descendances.