Un moment charnière pour la politique canadienne sur les réfugiés

Une guerre secrète, 100 000 réfugiés et la création du programme de parrainage privé de réfugiés

Quatre personnes avec des drapeaux du Canada devant le bâtiment du Parlement.
Une famille de néo-Canadiens célèbre la fête du Canada. Crédit photo : Charlie Lim (HOF024).

Entre 1975 et 1985, plus de 100 000 réfugiés d’Asie du Sud-Est provenant de trois pays sont arrivés au Canada à la suite de la guerre du Viêt Nam et de la victoire du Nord-Viêt Nam communiste en 1975. Les personnes fuyant le Viêt Nam étaient connues sous le nom de « boat people » (gens des bateaux), nombre d’entre elles ayant embarqué sur des bateaux étanches et surchargés pour effectuer de dangereuses traversées maritimes afin de fuir le pays.

D’autres fuyaient deux pays voisins en proie à des violences liées aux retombées de la guerre du Viêt Nam.

Génocide cambodgien

Au Cambodge, le gouvernement des Khmers rouges avait pris le pouvoir en 1975, sous la direction du dictateur Pol Pot, et avait commis un génocide contre son propre peuple. Parmi les personnes visées figuraient des responsables militaires et politiques du gouvernement déchu, des chefs d’entreprise, des professions libérales, des minorités ethniques, des intellectuels ― tous ceux que le nouveau gouvernement considérait comme une menace. Le nombre de décès est estimé entre 1,5 et 2 millions de personnes.

La guerre secrète du Laos

Le Laos, pays stratégiquement situé et utilisé par les Nord-Vietnamiens pour le ravitaillement, a connu sa propre guerre civile parallèlement à la guerre du Viêt Nam. Au cours de cette période, le pays a été lourdement bombardé par les Américains dans le cadre de ce que la CIA a appelé une « guerre secrète ». En fait, entre 1964 et 1973, il est devenu le pays le plus bombardé de l’histoire par habitant. Lorsque la guerre civile a pris fin et que l’organisation communiste Pathēt Lao est sortie victorieuse, 300 000 personnes ont traversé la frontière pour se réfugier en Thaïlande.

L’exode des populations de ces trois pays a entraîné une importante crise des réfugiés.

La réaction du Canada

La réaction du Canada à cette crise a été remarquable. Le gouvernement a créé le programme de parrainage privé de réfugiés. Les Canadiens peuvent désormais former des groupes pour aider au financement, à l’accueil et à l’intégration des nouveaux arrivants à mesure qu’ils trouvent leurs marques dans ce nouveau pays. Sur les 60 049 réfugiés réinstallés en 1979-1980, plus de la moitié (32 281) ont été accueillis dans le cadre du programme de parrainage privé.

La contribution du Canada à la réinstallation a été si remarquable que, en 1986, les Canadiens ont reçu la médaille Nansen du HCR, qui récompense ceux qui « vont au-delà de leur devoir pour protéger les réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et les apatrides ». C’était la première fois que la médaille était décernée au peuple d’un pays.

L’exposition Cœurs en liberté

Une nouvelle exposition, intitulée Cœurs en liberté - Histoires de réfugiés d’Asie du Sud-Est, présentée au Musée jusqu’au 3 décembre 2023, présente les histoires individuelles des courageux réfugiés qui ont fui dans leurs propres mots. Elle retrace également la chronologie de la crise et de la réponse du Canada. Découvrez ce moment important de l’histoire de l’immigration canadienne du point de vue de ceux qui en ont été les protagonistes - : ceux qui ont fui le danger en quête de liberté et qui ont trouvé un nouveau foyer au Canada.