Peter van der Horden

Enfants

2 avril 1954

Notre déménagement au Canada semblait imminent. Les parents de mon père avaient déjà immigré au Canada quelques années plus tôt avec certains de ses frères et sœurs plus jeunes. Mon père avait estimé que, après la guerre, l'avenir ne s'annonçait pas prometteur en matière d'emploi et il était désireux d'en garantir un à ses enfants. Jeune garçon, j'étais pris d'une bronchite et notre médecin de famille avait estimé que j'avais besoin d'un changement de climat, de préférence dans un milieu avec beaucoup d'arbres. Cela s'est révélé être l'élément ultime de la décision définitive de mon père de nous faire déménager au Canada. Ça a été très éprouvant pour ma mère qui devait laisser derrière elle toute sa famille. Néanmoins, elle a soutenu mon père dans sa décision et savait qu'un avenir meilleur nous attendait au Canada.

Le voyage en bateau à travers l'Atlantique s'est avéré relativement difficile. Les mers que nous avons dû traverser étaient très agitées et je peux encore voir les vagues envahir une partie du pont, nous obligeant à rester à l'écart des rambardes. Mon pauvre père a été malade pendant les dix jours de la traversée. Faute d'espace sur le navire, les hommes étaient séparés de leurs épouses et de leurs enfants. Ma mère me dit encore aujourd'hui à quel point je l'ai aidée à s'occuper de ma petite sœur, qui n'était alors âgée que de 10 mois.

Nous sommes arrivés en toute sécurité au Quai 21 le 2 avril 1954. Les douaniers se sont immédiatement occupés de nous, nous ont donné notre statut d'immigrant reçu et nous sommes montés à bord du train qui allait nous conduire jusqu'à Ottawa. Nous y avons été chaleureusement accueillis par les membres de l'Armée du Salut et une famille nous a conduits à leur maison où nous avons vécu pendant près de 3 semaines – le temps que nous nous installions et que mon père trouve du travail dans « la terre de miel ». Mon père a pu trouver du travail après quelques jours et, lentement mais sûrement, nous avons commencé à apprendre l'anglais. Nous avons ensuite trouvé un endroit bien à nous et puis voilà, nous étions complètement autonomes. Mon père n'a jamais été sans travail. Ma mère restait à la maison et s'occupait de la famille. Naturellement, il a fallu un peu plus de temps à ma mère pour apprendre l'anglais, mais elle y est arrivée elle aussi.

Le feraient-ils de nouveau ? Bien sûr ! Mes parents ont maintenant un peu plus de 80 ans et sont en bonne santé. Cette aventure a été tout un acte de foi et de confiance de leur part, et nous récoltons maintenant les bénéfices de cette première étape qui a consisté à faire une demande pour venir au Canada et quitter notre patrie de manière définitive.