Roberto Pellegrini

Août 1949

Mon père, Roberto Pellegrini est né à Osoppo, dans la province du Frioul en Italie, le 8 avril 1920.

Il n’était qu’un jeune homme quand il a dû joindre les rangs de l’armée italienne durant la Deuxième Guerre mondiale.

Il nous racontait rarement des histoires relatives à la guerre car je crois qu’il n’aimait pas penser à cette époque très dure. Je me souviens de lui nous racontant l’histoire de son navire qui avait coulé et que lui et les autres survivants avaient dû passer près de 24 heures dans l’océan à attendre avant d’être secourus. Certains de ses amis avaient été victimes des requins alors que d’autres n’avaient simplement pas pu survivre. Il était un des rares survivants ! Il avait même été fait prisonnier par les Allemands et avait réussi à s’échapper.

Malheureusement, mon père est décédé en 1997 et je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’entendre tous ses souvenirs comme je l’aurais voulu.

Au fil des ans, mon père a décidé de venir au Canada pour se marier à sa fiancée qui l’accompagnerait pour entreprendre une vie meilleure, avec de meilleures opportunités. Il a fait la traversée sur le Saturnia en août 1949 en compagnie d’un cousin. Il leur a fallu environ huit jours à voyager de l’Italie au Canada et ce fut une très dure traversée, une traversée qu’il n'oublierait jamais. Il est arrivé au port d’Halifax pour ensuite prendre le train vers la gare Union de Toronto. Le trajet en train était lui aussi très long alors qu’il se posait des questions sur sa vie nouvelle en regardant cette terre qui défilait sous ses yeux. De Toronto, il se rendit ensuite à Port Credit pour y demeurer avec sa tante.

Se donner un bon départ n’était pas facile car il devait apprendre la langue et travailler très dur… pour très peu d’argent. Il a trouvé du travail à la briqueterie de Cooksville en Ontario, qui avait été un camp de prisonniers de guerre pendant le conflit mondial.

Il y a vécu pendant deux ans et demi.

Ma maman, sa fiancée à l’époque, Noemi Gubiani de Gemona del Friuli, l’a finalement rejoint au Canada en 1951, en passant également par Halifax.

Elle se souvient de la longue traversée en bateau et du voyage en train vers Toronto et combien elle était effrayée. [Elle savait] qu’ils partaient pratiquement de zéro, que c’était un nouveau pays, une nouvelle langue. Elle était terrifiée.

Mes parents se sont mariés en 1951 et ont réussi à économiser suffisamment d’argent pour acheter une maison en 1953, au coût de 15 000 $ et avec trois prêts hypothécaires. 

Ils ont eu deux enfants, mon frère Frank est né en 1962 et moi-même, Sonia, en 1965.

Ils ont travaillé très dur et sont retournés en Italie plusieurs fois, mais ils n’ont jamais regretté d’être venus au Canada. 

Ma mère fera le voyage vers Halifax afin de voir le Quai 21 en juin prochain. 

Mon père sera avec elle, dans ses pensées.