Ma première bouchée de pain blanc canadien

... Ce soir-là, mon père avait acheté du "pain blanc canadien tranché". C'était nouveau pour nous et il a rendu cette occasion encore plus spéciale en beurrant le pain et en le saupoudrant de sucre... miam, c'était bon. Le matin suivant, nous sommes montés à bord d'un autre train. Il était magnifique et nous sommes arrivés à Orillia le 1er avril 1953 par une belle journée ensoleillée. J'habite à Orillia depuis maintenant 60 ans. J'ai épousé mon merveilleux mari en 1958 (il est arrivé au Quai 21 en 1952) et en 1959, nous avons eu le premier de nos trois magnifiques enfants. Le Canada est ma demeure, ma vie. Je suis si heureuse que mon père ait choisi de nous établir au Canada... merci papa!
- Angela Bassoriello
... Au début, je trouvais que le pain de mie blanc tranché goûtait le gâteau, mais après quelques jours c'était plus comme de la ouate de coton et nous en avons rapidement eu assez. Nous voulions du bon pain de seigle allemand bien consistant, mais nous n'en trouvions pas...
- Christine Gerth
... De temps à autre, mon père revenait et cette fois là, je lui ai dit que nous avions très faim. Il nous a tous les deux pris par la main et nous sommes allés à un petit kiosque qui vendait de la nourriture. Comme il ne parlait que l'italien, il nous a uniquement acheté du pain, une simple miche de pain tranchée, il n'arrivait pas à demander autre chose. J'ai pris une bouchée vorace de la tranche qu'on m'a donnée et j'ai eu mon premier choc dans ce nouveau pays. Le pain était sucré, tendre et il collait dans mon palais. C'était terrible! J'avais l'habitude de quelque chose de complètement différent. Je me souviens très bien avoir pleuré et dit à mon père que je ne voulais pas vivre dans ce nouvel endroit, parce que je détestais le pain. Sagement, mon père m'a répondu que dans ce pays, nous allions devoir nous habituer à bien des nouvelles choses et que nous allions rester ici très longtemps...
- Angelina Crosdale
... Nous avons débarqué du navire, nous sommes passés par le bureau de l'immigration, puis nous avons pris le train jusqu'à Ottawa. Je peux encore sentir le pain tranché Wonder Bread, il était si frais et blanc comme du lait (aujourd'hui on ne peut que rêver à cette odeur de pain frais)...
- Vincenza Concettina Cuffaro
... Nous avions deux jours de train devant nous et d'une façon ou d'une autre, ma mère a découvert où elle pouvait acheter du pain et du beurre et des viandes froides je crois, pour que ça nous dure tout le voyage. Je ne me souviens pas avoir mangé au restaurant, alors nous avons dû subsister avec ce qu'elle avait acheté. Je me souviens par contre que ma mère était vraiment surprise que la nourriture soit si bon marché. Chez nous, le pain blanc était toujours un luxe, et le beurre, vraiment pas cher. Pour une fois, elle pouvait vraiment en beurrer épais et c'est ce qu'elle a fait. Vous pouvez imaginer notre déception lorsque nous avons découvert que le beurre était salé et que le pain était insipide. Nous avons pris une seule bouchée et nous avons eu un haut-le-cœur : DU BEURRE SALÉ! La faim est cependant plus forte que tout. Le pain et le beurre, avec ou sans saveur, ont été dévorés avant notre arrivée à Montréal...
- Elizabeth Adelheit Dambrosio
... Lorsque nous étions à Montréal et que nous attendions notre train de correspondance pour Toronto, ma sœur et moi déambulions dans la gare, où nous avons acheté une miche de pain. Nous avions grandi avec du pain à croûte dure et nous avons trouvé la miche que nous avions achetée extrêmement tendre. Elle avait aussi une étrange odeur dont nous nous souvenons encore. Nous n'avons jamais mangé ce pain et nous n'en avons jamais mangé depuis que nous nous sommes installés au Canada...
- Frank Medoro
... Je me souviens de la première fois où j'ai mangé du pain canadien. J'en ai fait une boule et j'ai essayé de la faire rebondir. Ce n'était vraiment pas le pain italien croquant auquel j'étais habitué. En bref, la nourriture servie à bord du train était terrible. Ils nous ont apporté du spaghetti, mais il goûtait la conserve. J'ai joué aux cartes et j'ai regardé par la fenêtre...
- Adolph Di Mambro
... Chaque personne recevait dix dollars pour faire le voyage en train, pour nous rendre jusqu'à destination, assez pour acheter ce pain que nous n'avions jamais vu, d'un blanc pur et moelleux comme du coton. Nous pouvions acheter toute une miche pour 12 cents et il était déjà tranché. Sucré, riche, avec du lait Carnation en conserve pour le faire descendre. En Allemagne, nous pouvions à peine trouver de la crème. C'était notre premier repas au Canada, un festin somptueux...
- Ernest Hochhalter
... Avant de monter à bord du train, ma mère s'est rendue dans un dépanneur du coin pour acheter de la nourriture. Tout était écrit en anglais, les articles étaient donc très difficiles à identifier. Ma mère a décidé de prendre une miche de pain blanc tranché, une conserve de sardines et un pot de confiture aux fraises. Comme nous étions habitués au pain croûté italien, ma mère n'a pas aimé la nourriture qu'elle avait achetée et elle a décidé d'aller chercher des pâtes dans la voiture-restaurant. L'assiette de pâtes avec du ketchup qu'elle a reçue n'était vraiment pas à son goût...
- Cathy Kulos, écrivant pour sa mère Angela Bianchini
... Nous sommes arrivés au Quai 21 le 7 octobre 1938. Ils nous ont conduits dans une grande pièce où on nous a donné un repas. Mon frère parle encore des merveilleux petits pains blanc et moelleux qui nous avaient été servis. Ils étaient tellement bons. Pour nous, c'était une nouvelle expérience, jusque là, nous n'avions mangé que du pain de seigle et du pain de blé entier...
- Gerda Kiel
... À bord du train, on nous a donné du spaghetti Franco-American et du pain blanc tranché Blue Bonnet que mon frère appelait de l'ÉPONGE. Il a refusé de manger et ma mère ne savait pas quoi faire pour nous...
- Ann Colacicco
... Je sais que pour beaucoup d'entre nous, il a été difficile de s'ajuster à toute cette bonne nourriture canadienne, car nous venions d'un pays rigoureusement rationné. Je peux encore goûter ma première bouchée de pain blanc de la boulangerie Morden’s...
- Marion Campbell
... Je me souviens que la mer était extrêmement houleuse et que personne ne mangeait, mais je m'amusais à courir partout alors que le navire montait et descendait. Une fois passé aux douanes et monté à bord du train, on nous a donné deux miches de pain. Je ne savais pas ce que c'était, alors je l'ai utilisé pour jouer de l'accordéon, parce qu'il était tendre et flexible.
- George Comisso
... Les gens des douanes et de l'immigration en ont finalement terminé avec nous et nous avons pu quitter cet endroit. Nous avons acheté et mangé notre premier repas au Canada dans un casse-croûte qui se trouvait sur les lieux. Je ne l'oublierai jamais : une bouteille de lait en verre, une miche de pain blanc Wonder Bread dans un emballage de papier ciré décoré de gros pois et une conserve de Spork. J'ai adoré ça...
- Andy Alfoldy
... Nous étions à bord du train et nous avions deux jours de route à faire avant d'arriver à Toronto. Lorsque le serveur est arrivé avec ce pain, nous ne savions pas vraiment quoi penser. Nous avons sûrement pensé que nous ne pourrions pas l'avaler, parce que nous ne pouvions pas le croquer avec nos dents. Nous pensions qu'il resterait coincé dans nos gorges!
- Maria D'Ambrosio
... Nous étions les seules personnes du navire qui n'étaient pas malades. Je me souviens de l'horrible pain qu'ils nous ont donné à bord du train. Je me demandais si nous allions devoir manger ça pour toujours...
- Mary Russo Alati
... En fait, je connais déjà quelques mots. Lorsqu'un vendeur de nourriture passe, je dis "sandvits au jambon" et il me donne un petit paquet qui contient de la viande placée entre deux morceaux de pain blanc. C'est très bon. Puis je dis "merci"...
- Tiré du journal de la jeune Kaarina Brooks, 9 ans
... Ils sont allés acheter du pain. Personne ne parlait anglais et le propriétaire du commerce ne parlait pas l'italien. Ils voulaient acheter une miche de pain blanc tranché, mais ils ne savaient pas combien ça coûtait. Papa a donc demandé aux autres de vider dans ses mains toute la monnaie qu'ils avaient dans leurs poches. Il a tendu l'argent au propriétaire qui a délicatement pris une pièce de dix cents. Papa a mangé le pain, mais il ne l'a pas aimé. Il se disait qu'il retournerait en Italie si tout le pain était aussi mauvais à Toronto.
- Salvatore Caruso
... C'était vraiment bien d'être dans un nouveau pays. J'ai mangé du pain blanc et j'ai pensé que c'était la chose la plus magnifique que j'avais jamais goûtée...
- Bruno Battaglia
... Je ne me souviens pas du voyage pour venir ici, mais des années plus tard, je me souviens encore très bien du pain coton (pumpulileipa), en voulant parler de l'incroyable texture moelleuse du pain blanc canadien, comparativement à celle du pain de seigle finlandais...
- Matti Ensio
... À bord du train, ils nous ont servi du Wonder Bread frais. Aujourd'hui c'est fantastique, mais en 1954, j'ai pris une tranche, je l'ai pressée, puis j'ai dit à ma mère : "Regarde, il n'est pas cuit." Nous sommes restés à bord du train pendant deux jours, d'Halifax à Windsor, en passant par Montréal. Lorsque le train s'est arrêté, ma marraine nous a donné une valise, lorsque nous l'avons ouverte, elle contenant une grosse miche de pain italien, 2 litres de vin et un très gros poulet farci comme une dinde. Nous avons partagé le tout avec les amis que nous nous étions faits à bord du navire...
- Mary Carriero
... Nous adorions le goût du pain blanc canadien, et en plus, il était tranché! Pour nous, il goûtait le gâteau. C'était la première surprise agréable que nous avons eue, mais pas la dernière...
- Lina Douwsma
... Quand nous étions à la gare, on a dit à ma mère d'acheter du pain et une conserve de viande. Nous avons été choqués par la texture moelleuse et par le goût sucré du "pain", puis nous avons commencé à nous demander pourquoi mon père nous avait fait venir dans cet étrange pays, où on parlait une langue insolite et où on avait certainement une idée différente de ce qu'était la bonne nourriture...
- Maria Teresa DiGiandomenico
... Nous avions de la difficulté à faire la différence entre les pièces de cinq, de dix et de 25 cents, puis nous avons été choqués de découvrir que nous ne pouvions pas obtenir la nourriture que nous aurions pu avoir chez nous pour faire un long voyage de train. Le pain était moelleux et spongieux, et il était emballé dans du papier ciré. Le beurre était salé, il n'y avait que du fromage mou transformé, il n'y avait que de la mortadelle en remplacement des saucisses fermes fumées et affinées, il y avait du beurre d'arachide et plusieurs autres nouvelles choses que nous ne comprenions même pas. Bienvenue au Canada...
- Gerhard Eichel
...Nous regardions avec de l'émerveillement et de l'incrédulité dans les yeux et c'est devenu encore mieux lorsque les stewards ont placé devant nous des paniers de petits pains frais et croustillants et du beurre, du vrai beurre et pas de la margarine graisseuse du temps de la guerre. Un unisson de murmure d'extase s'est fait entendre dans la salle, "Oh, du pain blanc et du beurre!" C'était le premier pain blanc que nous avions vu en six ans. Le pain du temps de la guerre était gris et lourd et il goûtait le carton. Ici, tout était délicieux. La tranche de rosbif qui se trouvait dans mon assiette semblait aussi grosse qu'une ration de viande mensuelle. Je me suis dit que je ne pourrais jamais manger tout ça, mais j'ai tout de même réussi...
- Myra D. Ennis

Gâteau? Coton? Moelleux? Pâteux? Parlez-nous de votre première expérience avec le pain blanc canadien.