Renate Hoffmann Rooke

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
38

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9

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Renate Hoffmann Rooke

Voici ce que vous deviez avoir quand vous veniez au Canada en 1953 :

1. - Un passeport 2. - Une carte d'identité de l'Allemagne
3. - Un laissez-passer international pour une personne, aller-retour
4. - Un document de la police indiquant que vous n'aviez pas de casier judiciaire
5. - Un certificat international de vaccination délivré par l'Organisation internationale pour les réfugiés
6. - Un billet pour la traversée
7. - Le premier versement pour le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration
8. - Le dernier versement pour l'Immigration couvrant tout le voyage. Montant : 173,55 $
9. - De l'argent comptant : 5,00 $

Le 17 février 1953, des jeunes Berlinois ont entrepris le voyage de toute une vie à bord d'un autobus.

Nous étions tous dans la vingtaine et nous avions l'espoir d'une vie meilleure. En Allemagne de l'Est, nous avons dû traverser quatre postes de contrôle. Nos passeports avaient dû être envoyés au navire à l'avance. Quand les policiers russes nous ont demandé où nous allions, nous avons répondu que nous allions au carnaval en Allemagne de l'Ouest en espérant que cette réponse suffirait. Chacun de nous n'avait que 5,00 $ en poche, ce qui était à peu près tout ce que nous possédions, mais aussi le montant qu'il nous était permis d'apporter au Canada.

Nous sommes montés à bord de l'Arosa Kulm le 17 février 1953. La soirée du 6 mars a été très chaude sur l'océan. Quand nous sommes arrivés à Halifax le 7 mars, tout ce que nous pouvions voir était de la glace. Sur le navire, tous les écrous et les boulons étaient couverts de glace. Nous étions à Halifax et tout ce que je me disais était : « Mais qu'est-ce que j'ai fait là? »

Quand nous sommes descendus au Quai 21, personne ne savait quoi faire ni où aller. Avec mes rêves et mes espoirs intacts, j'ai accepté qu'on me bande les yeux et qu'on me place devant une grande carte du Canada. J'ai mis le doigt sur Woodstock, en Ontario. Nous sommes sept à être partis vers cette nouvelle destination.

Nous avons quitté Halifax en train pour Montréal. On nous a dit que si nous aimions Montréal, nous pourrions y rester, mais bien sûr, nous avions déjà décidé que nous irions à Woodstock. Berlinois typiques, nous étions déterminés à atteindre notre destination.

Le prochain arrêt a été à Ajax, en Ontario. Nous sommes restés là jusqu'au 14 mars, puis nous avons poursuivi notre voyage vers Woodstock. Une fois arrivés, les filles ont trouvé du travail comme domestiques dans des fermes et les garçons ont été engagés comme travailleurs agricoles. Nous ne connaissions pas du tout le travail sur la ferme, mais nous n'avions pas le choix étant donné qu'il aurait fallu payer notre billet de retour et personne n'avait 154 $ (autant dire un million de dollars).

Un an plus tard, j'avais gardé contact avec seulement deux autres personnes de notre groupe. Je me suis mariée et j'ai trouvé un emploi à l'hôpital où j'ai travaillé pendant 34 ans.

Ça fait maintenant 46 ans que je suis mariée. J'ai deux enfants, un garçon et une fille. Nous habitons à Beachville, en Ontario, juste à l'extérieur de Woodstock. J'ai passé plus d'années en tant que Canadienne qu'en tant qu'Allemande et j'en suis très fière et heureuse. Dans les années 1950, nous étions les vrais immigrants. Nous avons travaillé très fort et nous étions déterminés à faire notre chemin parce que le Canada nous avait permis d'avoir une meilleure vie. Nous ne nous sommes jamais demandé ce que le Canada allait nous donner. Nous avons toujours cherché ce que nous pouvions donner au Canada.