Pauline et Armand Dubue et leur famille

Mur d'honneur de Sobey

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56

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Pauline and Armand Dubue and Family

Le départ de la maison pour le Canada:

Quand j’ai enfin reçu le télégramme qui me disait d’aller à Londres, ma mère était inquiète mais, courageusement, elle est venue avec moi, ainsi qu’un de mes bons amis, pour m’aider avec les enfants. Nous nous sommes dit au revoir, en larmes, puis j’étais par moi-même avec de nombreuses autres filles. Je n’avais que 20 ans à cette époque et mes enfants avaient 13 et 5 mois. Nous avons passé une nuit à Londres (et quelle nuit ! ) à faire la queue pour aller aux toilettes, pour nettoyer des couches et laver des biberons. On y a quand même survécu et le lendemain, on nous a fait prendre des bus pour aller à Southampton. De là, nous avons commencé notre voyage pour le Canada. Ça a pris six jours. C’était horrible. J’avais constamment le mal de mer, tout comme ma fille de 13 mois. Heureusement, mon bébé de cinq mois était sage comme une image. Je montais avec eux sur le pont et devais m’asseoir à même le pont, comme il n’y avait pas de chaise de libre. Là, je vidais mes entrailles. J’ai juré que je ne remettrais jamais le pied sur un bateau et je m’y suis tenue.

L'arrivée au Canada:

Je suis arrivée à Halifax (par le Quai 21) avec mes deux filles, encore bébés, le 24 mars 1946, à bord de l’Aquitania. À notre arrivée, un orchestre jouait sur le quai et des soldats étaient assis à des tables bien alignées pour prendre nos cartes d’entrées, etc. Deux soldats sont venus sur la passerelle m’aider à porter mes deux enfants. Alors que je présentais ma carte et mes tickets, le plus jeune des deux m’a demandé : « Alors, vous aimez le Canada ? », ce à quoi j’ai répondu : « Je ne sais pas encore : je viens d’arriver ! ». Après cela, on nous a mis dans des trains à destination de l’ouest. Quand j’étais dans le train, quelqu’un m’a montré où était la machine à eau, pour chauffer des biberons aux enfants. Durant la nuit, alors qu’on voyageait, la machine a mystérieusement disparu. J’ai dû descendre quelques wagons jusqu’à la cuisine pour demander timidement si je pouvais faire chauffer les biberons de mes enfants. Bien entendu, je me suis fait siffler par les cuisiniers ! (Haha !)

L’immensité du pays nous bouleversait. Je m’attendais à voir des Indiens à cheval courant derrière le train. Aujourd’hui, après toutes ces années, ça a l’air ridicule. Quand on est arrivé à Ottawa, la Croix-Rouge est venue dans le train nous aider à rassembler nos affaires et à sortir les enfants. Il y avait des foules sur le quai, tout le monde applaudissait. Je me suis sentie bouleversée, physiquement et émotionnellement. Quand on est arrivés à la maison de mon mari, la famille avait organisé une grande fête pour nous.

Je me suis tout de suite jointe au club E.S.W.I.C. (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande, Canada) à Ottawa. Son but était de fournir un lieu où les épouses de guerre pouvaient se rencontrer et se sentir chez elles. J’y ai rencontré des amies et nous sommes toujours, depuis, restées proches. Le Canada est un pays formidable et je suis fière de dire que c’est chez moi. Mon mari et moi avons eu six enfants, huit petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Mon mari, qui nous manque terriblement, est mort en 1988. Nous avons eu une vie merveilleuse, malgré les caps difficiles qu’il a fallu franchir.