La famille Geoffrey Robinson

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The Geoffrey Robinson Family

Le Quai 21 et la famille Robinson.

Peut-être que les liens entre le Quai 21 et nous devraient être mis par écrit. Bien qu’avec le temps qui passe, malheureusement, les souvenirs s’estompent. Toutefois, nous estimons que c’est mieux que rien d’avoir ne serait-ce qu’un minimum d’archives pour la postérité.

Au début de la Seconde Guerre Mondiale, Geoffrey Edward Robinson, de Ludlow dans le Shropshire, était un soldat de deuxième classe encore à l’école.

(4035248, né le 18 février 1922) D’abord dans l’Infanterie Légère de Shropshire (King's Shropshire Light Infantry), 4e bataillon (T.A.), a été mobilisé au début de la guerre, puis transféré au régiment de projecteurs 429 à Ixworth dans le Suffolk. Après avoir passé 18 mois à éclairer au faisceau la région de l’East Anglia sans trop de succès, la diminution des escadrilles allemandes au-dessus de l’Angleterre pendant la nuit a rendu la vie monotone.

Il a été transféré à la R.A.F. (« Royal Air Force », Force Aérienne Royale), en tant que Membre d’Equipage en cours de formation. Après une brève familiarisation des exercices militaires et un encouragement moral, nos premiers vols de formation outre mer ont été planifiés. On ne pouvait pas s’entraîner en Angleterre : tout l’espace aérien était étroitement connecté pour les actions aériennes réelles.

Les autres endroits où on pouvait s’entrainer étaient le Canada et le Sud de la Rhodésie. Les États-Unis venaient d’accepter le Plan Marshall et exécutaient un projet secret consistant à entrainer des pilotes temporairement congédiés des Forces Aériennes ! Je ne me souviens pas si nous avions le choix, mais j’ai été envoyé en Amérique du Nord.

Nous avons eu un congé d’embarquement court, c’était probablement au mois d’août 1941. On nous a imposé le secret défense, puis on nous a réunis à nouveau et un peu moins d’une centaine d’entre nous avons embarqué à Greenock. Nous avons voyagé à bord du navire français Louis Pasteur et la réglementation à bord était très stricte pour empêcher les attaques sous-marines. Toutes les lumières étaient éteintes et il était interdit de fumer sur le pont. Nous sommes initialement partis en convoi, mais après environ quatre jours, le bateau a décollé comme un chat échaudé après avoir traversé la zone la plus dangereuse. On racontait parfois des histoires, non confirmées, de sous-marins dans la zone, mais nous n’avons rien vu ni entendu. Les exercices de canots de sauvetage étaient fréquents. N’ayant pas vraiment le pied marin, je ne dormais pas dans ma couchette, celle du bas, je dormais à même le pont, dur. La question de la nourriture était secondaire, ce qui importait était de nous faire arriver entiers. Je n’ai aucun souvenir de la nourriture que nous avions à disposition. Malgré les transports de troupes outre-Atlantique répétés, les cales du bateau n’étaient pas propres, mais pas dégoûtantes non plus.

Après environ 5 ou 6 jours, nous sommes arrivés au port de Halifax et la garnison s’est déversée sur le Quai 21. Nous avions chacun notre paquetage avec nos affaires et quelques centaines de mètres plus loin, nous sommes montés à bord d’un train de troupes qui n’était pas très loin du bateau. L’accueil était en effet une opération militaire, encadrée par beaucoup de policiers militaires, mais pas de services bénévoles, qui étaient si nombreux après la fin de la guerre.

Après ma formation de Navigateur de la R.A.F., je suis retourné en Angleterre à bord d’un vaisseau bien plus petit, le Winnipeg 2, en juin ou juillet 1942. Nous avons quitté Halifax via le Quai 21, avons navigué dans les mêmes conditions que sur le Pasteur et nous sommes arrivés à Liverpool sans avoir eu de problème en chemin.

C’est en 1953 que je suis retourné au Quai 21. Pendant mon service dans la R.A.F., j’avais rencontré puis épousé Dorothy Robinson, née Holgate, de Wirksworth dans le Derbyshire, qui faisait partie de la W.A.A.F. (Force féminine auxiliaire de l’aviation) 2093953. Dès notre première rencontre, je lui ai fait comprendre que le Canada me semblait pouvoir nous offrir un bien meilleur environnement et de meilleures perspectives. Les grands espaces m’avaient impressionné, tout comme la société qui me paraissait bien plus ouverte.

Je devais d’abord faire des études, j’avais malheureusement dû les interrompre à cause de la guerre. Je devais commencer des études de médecine à l’hôpital Saint Mary’s en 1939, mais j’ai refusé l’offre quand la guerre a éclaté. J’étais maintenant marié, mais cela m’a motivé d’autant plus à obtenir un diplôme qui me permettrait de gagner un salaire décent. Grâce à une bourse d’étudiant d’après-guerre et l’aide considérable de ma femme, qui logeait des étudiants pour arrondir les fins de mois, j’ai obtenu mon diplôme de Membre du Collège Royal de Chirurgiens [M.R.C.S.] (Angleterre, Programme Régional de Cancer de Londres [L.R.C.P.], une Maîtrise en Administration des Affaires [M.B.] et un BSc [B.S.], à Londres en 1951).

J’avais toujours voulu travailler par moi-même dans un cabinet en milieu rural, être indépendant et compétent, mais j’avais besoin d’une formation postuniversitaire. J’ai effectué plusieurs résidences alternées, à l’hôpital Saint Mary’s à Portsmouth, pendant trente mois. Pendant cette période, ma femme et moi nous adaptions à ce que notre vie allait être dans le Canada rural. Je préférais l’île du Prince Edward, où j’avais effectué mon entrainement aérien.

En 1953, avec les problèmes grandissants aux Services Nationaux de la Santé, j’ai pensé qu’il était temps de partir. À ce moment-là, nous avions deux jeunes enfants, mais cela ne nous a pas arrêtés.

Nous avions organisé notre départ pour l’été 1953. Nos deux familles nous ont soutenus mais elles étaient un peu anxieuses. Nous avons vendu beaucoup de nos meubles les plus grands, ce que nous avons regretté plus tard. C’était surtout parce que nous n’avions pas réalisé que le transport en bateau était si peu cher et nous avions toujours la préoccupation du stockage dans ce qui pourrait être un petit logement.

Nous avons emballé le reste de nos affaires dans plusieurs valises et trois caisses à thé environ. Nous avons « décollé » avec le moins d’affaires possible, les plus petites possible, mais je n’allais pas me séparer de notre lit de plumes, qui venait de Downtown et qui devait alors avoir au moins 150 ans. On a envoyé d’avance de Portsmouth, à bord d’un transporteur routier commercial qui nous avait aidés à faire les cartons, tout ce dont on n’avait pas besoin durant le voyage. Une fois cela réglé, nous sommes allés, en famille, dire au revoir, d’abord à Ludlow puis à Wirksworth. Tout cela s’est fait sans grande émotion ni larmes, mais je suppose que tout le monde devait se sentir un peu anxieux.

Nous avons quitté Wirksworth très tôt, un matin, à bord du Georgic à Southampton. Tout s’est très bien passé et on nous a rapidement attribué une cabine pour la famille. Je crains de ne pas me souvenir de grand chose sur le voyage, excepté qu’en quittant le port, nous avons eu le plaisir de passer près de la flotte de navires de guerre, colossale, venant du monde entier, rassemblés pour célébrer le couronnement d’Elizabeth II.

Le voyage a été très différent de la traversée en temps de guerre. Pas d’escorte, pas de peur de sous-marins et beaucoup de lumières.

En arrivant au Quai 21, nous avons débarqué et un comité d’accueil de plusieurs religions, qui cherchaient toutes leurs membres, nous attendait. Pas de police militaire ou d’uniformes. Nous avions des cartes de train jusqu’à Hunter River que nous avions eu avec les billets du bateau, mais nous avons appris que nous ne pouvions pas prendre de train pour l’Île avant le lendemain. On nous a recommandé un logement dans une pension près de la sortie de la gare. Nous y avons passé la nuit avant de prendre le train tôt le lendemain matin. Nous étions arrivés au Canada avec de quoi remplir quelques valises et deux caisses à thé, environ 1000 $ en liquide, rien de plus. Par contre, nous avions avec nous un document d’une valeur inestimable, qui disait que j’étais un médecin agréé et que je pouvais travailler dans la plupart des provinces du Canada.

Notre famille comprenait : Geoffrey Edward Robinson, Ludlow, 18/02/1922. Dorothy Mary Robinson (née Holgate), Ludlow, 22/09/1922. Alan Edward Robinson, Londres, 04/09/1946. Nigel William Robinson, Londres, 07/05/1951.