Joyce Emily Callow Sherwood

Mur d'honneur de Sobey

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Joyce Emily Callow Sherwood

Joyce Emily Sherwood née Callow – Hommages de sa sœur Gwen Milton et de sa fille JoAnn Bell

Épouse de guerre britannique, Aquitania, le 10 avril 1947

J’étais d’une famille de trois enfants, j’avais une sœur et un frère. J’ai grandi à Penge, en Angleterre. Les bombes tombaient fréquemment, et chaque soir, les sirènes résonnaient. Penge a été bombardé plus souvent que toute autre endroit en Angleterre. Je me rappelle que quand les sirènes commençaient à sonner, nous nous rendions tous aux abris Anderson, jusqu’à ce que résonne le signal de fin d’attaque.

Je travaillais comme conductrice d’autobus pendant la guerre. J’ai été présentée à mon futur mari canadien (William James Sherwood F.A.R.C. C100060) par ma cousine. Elle était mariée à un Canadien et Bill était de leurs amis. Je l’ai fréquenté jusqu’à ce qu’on le renvoie à la maison. Nous nous sommes écrits, il m’a demandé de l’épouser et j’ai dit oui.

J’ai quitté l’Angleterre le vendredi 3 avril 1947, à bord du S.S. Aquitania de la Cunard. Nous sommes arrivés le 10 avril 1947 au port d’Halifax, Nouvelle-Écosse. La traversée a duré une semaine. Je me considérai chanceuse de n’avoir pas le mal de mer. J’ouvris ma bourse près de la rambarde pour vérifier mon billet, et celui-ci s’envola au vent. Je me rappelle que le commissaire de bord du navire était très serviable et qu’il m’avait procuré un autre billet. J’avais 20 ans quand je suis venue au Canada. J’étais toute excitée de me retrouver avec la personne de mes rêves, mais en même temps un peu triste de quitter ma famille. Le voyage en train d’Halifax à Montréal était très long. Le temps était sombre et le paysage désolé. Mon futur époux, Bill Sherwood, m’avait dit qu’il m’attendrait sous l’horloge de la gare à Montréal. Mais nous n’avions pas réalisé qu’il y avait deux horloges, une à chaque extrémité de la gare. Après avoir attendu de longues heures sans voir personne, je suis allée voir le service d’aide aux familles, un organisme auquel on nous avait dit de nous référer en cas de problème. Ils m’ont amenée au Y, ont pris contact avec Bill, qui est venu me chercher le lendemain. On rit encore de cette méprise aujourd’hui.

Après que Bill soit venu me chercher, nous sommes restés dans la maison de son frère pendant quelques jours, puis, nous nous sommes rendus chez sa mère où j’ai rencontré sa famille. Quelle vie différente : ils vivaient à la campagne, au nord-ouest de Brockville, près de Crosby, en Ontario. Les toilettes étaient à l’extérieur, alors quand il fallait que j’y aille, je demandais à Bill de m’y conduire. C’est là que j’ai vu pour la première fois des poulets vivants, de la viande pendue dans le cabanon du puits. Il fallait pomper l’eau du puits et la faire chauffer sur le poêle à bois. Il faisait si froid l’hiver que lorsque nous faisions la lessive et la suspendions dehors pour sécher, elle devenait raide sous le gel. Je n’en revenais pas qu’elle soit sèche quand nous la rentrions.

Bill et moi nous sommes mariés le 15 avril 1947 à l’église St. John's à Smiths Falls.

La barrière linguistique était considérable. Je ne comprenais pas pourquoi ma belle-mère ne m’aimait pas. J’avais écrit chez-moi disant qu’elle était une femme d’intérieur, mais ici, le mot employé homely, voulait dire dépourvue de charme !

Bill travaillait dans la construction, alors nous nous déplacions beaucoup. En 1951, nous nous sommes installés à Brockville, en Ontario. En 1954, il a construit notre maison, où j’ai passé les 48 années suivantes. Bill avait lancé sa propre entreprise de construction, encore dirigée aujourd’hui pas notre fils. Nous avons élevé quatre enfants, deux fils et deux filles. Nous avons eu neuf petits-enfants et j’ai maintenant un arrière petit enfant et deux autres en chemin. Bill est décédé en avril 1985, mais je suis restée par la suite dix autres années dans notre maison. La famille occupait une grande place dans notre vie. Nous ne faisions partie d’aucun groupe organisé mais j’avais des amis proches dans le voisinage et nous nous retrouvions chaque semaine.

Après mon départ de l’Angleterre, en 1947, je n’avais pas vu ma famille durant 14 ans. Le téléphone était peu courant à l’époque, alors on s’écrivait. Malheureusement, je ne prenais pas beaucoup le temps de faire de la correspondance. Je suis retournée en Angleterre en 1961, emmenant avec moi ma fille cadette, JoAnn, alors âgée de 7 ans. C’est la dernière fois que je devais revoir ma mère, qui est décédée quelques années plus tard.

Ma vie au Canada a été bien meilleure que je ne l’avais envisagé. Je suis citoyenne canadienne et très fière de l’être. J’ai eu la chance de retourner en Angleterre de nombreuses fois.

LES ADIEUX
Gwen Milton, sœur de Joyce Sherwood (Callow)

Notre train local nous a amené à la gare Waterloo à Londres, où ma sœur devait embarquer pour un long voyage, d’abord jusqu’aux docks de Southampton, puis à bord d’un navire qui l’emmènerait au Canada. Nous n’étions que trois, notre mère, Joyce et moi. En attendant le train, nous partagions rires et badinage. Le train entra en gare, nous avons fait nos adieux, puis le contrôleur a sifflé..

La tristesse s’est installée lorsque nous avons réalisé que c’était peut-être la dernière fois que nous nous voyions (comme cela semblait le cas) alors qu’il a fallu 14 ans avant que nous nous revoyions.

Maman et moi avons regardé jusqu’à ce que nous ne puissions plus la voir. Maman n’a pleuré que lorsque le train a disparu. Joyce nous avait laissé une lettre que nous avons lue pendant notre trajet de retour dans le train local. L’adage dit que « la vie doit continuer », mais maman s’est ennuyée beaucoup de Joyce.

Le temps passant, la vie fut généreuse; nous avons visité le Canada à plusieurs reprises, Joyce est venue plusieurs fois nous visiter, mais c’est avec tristesse que nous avons vu la mort emporter notre maman il y a plusieurs années.

MA MÈRE
De JoAnn Bell (fille)

Jamais, jusqu’à tout récemment, je n’ai vraiment pensé à ma mère comme une épouse de guerre. Parfois, nous nous asseyons et nous remémorons la période de la guerre en Angleterre et la façon dont elle a immigré au Canada. Ma fille Ashley a écrit une composition d’histoire de 12e année à propos de sa vie durant la guerre et de son expérience d’épouse de guerre. Maman est toujours présente dans notre mémoire. Lorsque ma fille nous a quittés pour partir à l’université du Nouveau-Brunswick (un trajet de 12 heures) à l’âge de 19 ans, j’ai pensé à la façon dont maman avait quitté toute sa famille presqu’au même âge pour aller retrouver un homme qu’elle avait rencontré, dans un autre pays, bien loin, par delà l’océan. Cela me fait penser combien elle était brave de s’aventurer si loin. Peut-être est-ce d’elle que ma fille tient son esprit aventureux. Ma mère a apporté avec elle d’Angleterre de grandes valeurs. Son éthique de travail, son amour de l’artisanat sous toutes ses formes, mais en particulier son talent pour le tricot, sont un véritable trésor. Ce ne sont pas toutes les mamans qui peuvent tricoter comme cela ! À cause de ses fréquents voyages en Angleterre, elle n’a pas non plus perdu son accent. Elle a été une mère, une belle-mère et une grand-mère dévouée. Elle nous a tous aidés autant qu’elle le pouvait. Pour tous ceux qui la rencontrent, elle demeure Mamie.

Elle a toujours été fière d’être canadienne tout en aimant bien retourner « à la maison » quand elle le peut. Malheureusement, il y a eu pas mal d’années où elle ne pouvait se payer le voyage et elle en a éprouvé des regrets.

Après avoir consulté le site Web du Quai 21, j’ai décidé d’y inclure son histoire. Pour Noël 2003, notre famille a fait un don pour le Mur d’honneur et fait graver son nom sur une brique pour commémorer à jamais cette portion d’histoire. Mon mari et moi avons emmené maman au Quai 21 en mai 2004. Nous avons effectué une merveilleuse visite du Musée et les souvenirs de maman sont maintenant enregistrés dans la collection d’histoires orales.

Photo d’un jeune homme en uniforme.
Le mari de Joyce, Seconde guerre mondiale
Ancienne copie de passeport avec photo et timbres.
Passeport de Joyce
Un couple bien habillé se tient devant une toile de fond pour des photos.
Joyce et son mari