Une expérience de racisme et de discrimination
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(Traduit d'anglais)
En tant qu’immigrant ayant quitté un pays pour un autre à plus d’une reprise, je m’attendais à des défis. On s’attend toujours au pire et je m’y étais préparé. Mais une chose à laquelle je n’étais pas prêt, c’était le racisme. Je savais que je devais affronter la concurrence des Canadiens de naissance pour les emplois et qu’on pouvait les embaucher d’abord malgré mes qualifications, j’en étais conscient et je m’y étais préparé. Mais je n’avais pas prévu me faire attaquer sur la rue, juste à cause de la couleur de ma peau. Ce fut vraiment tout un choc.
Un jour, dans Brooks, je me suis fait agresser par cinq hommes de race blanche que je ne connaissais pas. Tout a commencé alors qu’ils jouaient au billard et que je me suis joint à eux. L’un d’entre eux a commencé à m’insulter, à insulter les Noirs, alors j’ai décidé de partir, mais ils ne m’en donnèrent pas la chance. Ils m’ont suivi à l’extérieur et m’ont agressé. Ils m’ont presque brisé des dents. Je suis allé voir la police mais aucune accusation n’a été portée contre eux. En fait, Brooks s’est comporté comme l’Alabama dans les années 1960. Les gens nous disaient de retourner d’où nous étions venus. On nous traitait de nègres et on nous insultait. Nous avons découvert sur notre perron une note disant que nous n’étions pas les bienvenus et de retourner chez nous. La note était signée de trois croix, le signe du KKK. Eh oui.
Une fois rendu à Red Deer, j’ai commencé à travailler à la station service où je travaille encore présentement et vous savez, le monde est rempli de braves gens, d’une foule de braves gens, mais il y en a toujours un ou deux qui viennent gâcher votre journée. Des gens ont commencé à m’insulter, à me traiter de réfugié des Nations Unies, à me dire que je n’avais pas ma place ici. Ils ont commencé à me dire de parler anglais. Je pensais bien parler anglais, en tout cas je faisais mon possible avec ma sixième langue, vous savez.
Biographie :
Monybany Minyang Dau est né à Atar, au Soudan, en 1975. Au cours de la Deuxième Guerre civile soudanaise, Monybany s’est porté volontaire pour l’Armée de libération du peuple soudanais et a combattu en tant qu’enfant soldat au Soudan du Sud. Il a servi jusqu’en 1986 et avec 600 autres enfants soldats, a été accueilli par Cuba. Cuba appuyait l’indépendance du Soudan du Sud et a accepté d’aider les jeunes soldats affectés par la guerre.
Après la chute de l’Union soviétique, Cuba a éprouvé des difficultés financières telles que le pays ne pouvait plus soutenir Monybany et les autres enfants soldats. Par l’entremise des Nations Unies, Monybany a demandé le statut de réfugié au Canada. Il est arrivé en septembre 1998 et a trouvé de l’emploi à la fois à Red Deer et à Brooks, Alberta. Il a donc été en mesure de soutenir les membres de sa famille au Soudan.
Monybany habite présentement à Red Deer avec son épouse et ses deux fils et vise une carrière en gestion des affaires. Il a récemment fait un documentaire intitulé The Ladder of My Life, qui relate ses expériences à titre d’enfant soldat et de réfugié.