Le Musée trouve la note juste pour un membre du club du Quai 21

Nombreux sont ceux qui savent déjà peut-être que le directeur du Centre national des arts utilisait la musique pour apprendre l'anglais.

Bien que les circonstances qui entourent l'utilisation par Peter Herrndorf de la musique laissaient à désirer, cette musique l'a aidé à trouver le chemin qui l'a transformé en l'un des plus grands mécènes du pays.

En 1947, avec leurs fils, Peter et Fred, Anna-Maria et Bob Herrndorf ont quitté le port de Rotterdam et des Pays-Bas ravagés par la guerre pour trouver une nouvelle vie en Amérique du Nord.

Portrait d’un grand navire naviguant dans l’océan.
Noordam

Lors du voyage de 10 jours vers New York, Peter Herrndorf, un enfant précoce de six ans, écoutait « Yes! You Have No Bananas » et « I'm Looking Over a Four-Leaf Clover », deux chansons populaires à l'époque, qui jouaient en boucle.

« Lors de ma traversée en bateau, je ne connaissais pas l'anglais du tout, affirme-t-il lors d'une entrevue récente.

Je les chantais à tue-tête sur le navire, de sorte qu'à notre arrivée à New York, je parlais au moins un peu d'anglais ». Il rit de l'ironie que le futur président du CNA utiliserait la musique comme outil d'apprentissage.

« Les gens ne parlent pas de ce fait, mais il s'agit bel et bien de la forme d'expression la plus puissante sur ce navire alors que nous traversions l'océan. La plupart de ma famille avait le mal de mer, et mon père mangeait, et je chantais le palmarès. »

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La famille a habité pendant neuf mois dans la région de New York avant de voyager en train vers Winnipeg avec l'aide de Stanley Knowles, un membre local du parlement et un ami de l'oncle de Peter Herrndorf, qui habitait déjà au Manitoba.

Ils sont arrivés à Winnipeg le 18 mars 1948, en plein milieu du dur hiver canadien.

« Aucun d'entre nous ne comprenait ce que nous faisions dans un endroit où il faisait moins quarante, affirme-t-il.

Mais selon mes parents, c'était exactement ce dont ils avaient rêvé. C'était un lieu où leurs enfants pouvaient grandir et, ils espéraient, pouvaient vivre des vies intéressantes. Et c'est exactement ce qui s'est passé. »

Dans les années 1990, alors que Peter Herrndorf était président et chef de la direction de TVOntario, il a rencontré Ruth Goldbloom, qui à l'époque menait une collecte de fonds pour remettre le Quai 21 à Halifax en état, un lieu où près d'un million de nouveaux Canadiens avaient débarqués.

« Environ quatre semaines plus tard, j'ai organisé un événement pour environ 100 personnes chez moi, à Toronto, avec Ruth comme invité d'honneur, se rappelle-t-il. La majorité des personnes dans la pièce étaient des immigrants canadiens, des personnalités de la radio, de la télévision, du théâtre, des affaires, du droit... Un échantillon très intéressant. Ruth les a absolument épatés. »

En 1998, pour souligner le 50e anniversaire de leur arrivée, Peter, son frère Fred et sa sœur Kiki cherchaient « une façon de remercier le Canada pour tout ce que le pays signifiait à notre famille ».

C'est comme cela qu'ils ont décidé de faire un don à la Société à but non lucratif du Quai 21, qui travaillait à créer un musée sur ce lieu historique national.

« Nous avons décidé de commanditer la porte d'entrée du Quai 21, parce que c'est ce que le Quai 21 symbolise pour les nouveaux Canadiens, afin d'affirmer à quel point cette porte est importante, accueillant ainsi les Canadiens dans leur nouveau pays. Nous avons dédié cette porte d'entrée à nos parents », dit-il.

En 2015, après 16 ans comme président et chef de la direction du CNA, il a reçu le Prix inaugural Peter Herrndorf de leadership dans les Arts, une reconnaissance pour l'ensemble de son œuvre à l'appui des arts.

Souriant vieux monsieur portant un beau costume.

Il a donné un tiers du prix de 10 000 $ au Musée canadien de l'immigration du Quai 21, versant le reste au CNA et au Musée canadien des Droits de la personne à Winnipeg. Ces trois institutions restent très importantes pour lui à ce jour.

Il est fièrement membre du Club du Quai 21, un groupe des plus importants donneurs de fonds du Musée.

Bien que sa famille n'ait pas mis le pied au Canada par le Quai 21, il ressent néanmoins un lien puissant avec le site, pour tout ce qu'il représente.

« Je ne doute pas du tout du fait que l'immigration est une des principales façons par lesquelles le Canada est devenu le pays qu'il était au début du présent siècle, indique-t-il.

J'ai beaucoup de proches amis, tous issus de familles d'immigrants. Ils m'ont tous fait la remarque que les Canadiens les plus passionnés, les plus nationalistes, sont ceux qui ont d'abord été immigrants. »