par Sorcha Clarke
Contexte
Le contexte britannique
À la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle, l’industrie britannique a subi d’importantes transformations. Cette évolution a favorisé l’urbanisation, notamment par la concentration croissante d’usines dans les villes et les grandes agglomérations qui attiraient les travailleurs des zones rurales à la recherche d’un emploi. Cette évolution s’est accompagnée d’une croissance démographique : Londres, qui comptait un million d’habitants en 1800, en comptait déjà 1,4 million en 1821.[1] Entre 1801 et 1851, la population de Manchester est passée de 75 000 à 303 000 habitants, tandis que Glasgow est passée d’une ville de 13 000 habitants à 104 000.[2] En 1870, les centres urbains de plus de 10 000 habitants représentaient 42 % de la population.[3]
La pression sur le logement qui s’en est suivie a entraîné l’apparition de bidonvilles et d’immeubles collectifs dans les villes britanniques, avec des familles multiples résidant couramment dans une seule maison et des familles entières dans une seule pièce. En 1911, plus de 758 000 Londoniens vivaient dans des conditions de surpeuplement.[4] En outre, les conditions de vie laissaient gravement à désirer. Les conditions sanitaires étaient extrêmement mauvaises, ce qui favorisait l’apparition régulière de maladies telles que le choléra. En combinaison avec les dangers inhérents au travail industriel, l’espérance de vie était faible, puisqu’elle n’était que de 46 ans pour l’Angleterre et le Pays de Galles entre 1891 et 1900.[5] . Les taux de mortalité infantile étaient élevés, avec 150 décès pour mille naissances vivantes à Londres en 1901.[6] Une lettre adressée en 1874 au rédacteur en chef du Times illustre « la misère et le vice de la pauvreté londonienne ». L’auteur fait référence aux bidonvilles, qui ont l’air « assez bien à l’extérieur, mais qui se révèlent être des sépulcres blanchis lorsqu’on découvre que chacun d’eux est habité par au moins dix familles, et que dans les mansardes vivent des familles de cinq à dix personnes, avec à peine une cheminée et sans la moindre commodité. »[7]
Les enfants n’étaient pas épargnés par les pires aspects de la vie dans la Grande-Bretagne de l’époque victorienne et du début de l’époque édouardienne. Par nécessité, de nombreux parents de la classe ouvrière ont envoyé leurs jeunes enfants travailler dans des usines, comme ramoneurs, comme fabricants de boîtes d’allumettes, etc. Leurs maigres revenus contribuaient au revenu familial. Le recensement de 1851 indique que 64 % des garçons et 32,5 % des filles âgés de cinq à dix-neuf ans à Londres exerçaient une profession.[8] Cependant, la législation introduite tout au long du 19e siècle visait à protéger les enfants sur le lieu de travail. En 1901, 22 % des garçons et 12 % des filles âgés de dix à quatorze ans avaient un emploi officiel, contre 18 % et 10 % respectivement en 1911.[9]
La charité
Au cours du 19e siècle, les maux sociaux associés à la vie dans les centres urbains et industriels sont devenus de plus en plus évidents, donnant aux philanthropes une myriade de causes à défendre. L’éventail d’organisations caritatives et de sociétés (certaines laïques, d’autres religieuses) qui ont vu le jour dans tout le pays au milieu du siècle permet de le constater. Le renouveau protestant évangélique des années 1860 a suscité de nouvelles inquiétudes quant à l’impact négatif de la vie dans les bidonvilles des villes britanniques sur la moralité et l’adhésion religieuse des pauvres. Les femmes, et en particulier les enfants, étaient au centre des préoccupations. Les jeunes vulnérables ont ensuite fait l’objet d’initiatives visant à leur fournir une instruction religieuse et morale, de la nourriture et une formation à des métiers appropriés. Ces efforts ont abouti à la création d’un réseau national de foyers pour enfants. Toutefois, en raison du grand nombre d’enfants sans abri et orphelins, ces centres ont rapidement été surchargés. Il a fallu trouver d’autres solutions de prise en charge. À partir des années 1860, les responsables des foyers ont donc commencé à plaider en faveur de l’émigration organisée des enfants. Les acteurs principaux de ce mouvement sont Maria Rye, Annie Macpherson, Thomas Middlemore et le Dr Barnardo.[10]
Le contexte canadien
Après la Confédération en 1867, l’immigration a été l’une des bases sur lesquelles le gouvernement canadien prenait ses décisions. Il souhaitait coloniser les zones rurales éloignées et développer l’agriculture dans l’ouest, tout en faisant croître et consolider l’industrie. Le Canada ne pouvant puiser dans sa propre population, il s’est tourné vers l’extérieur. L’approche du gouvernement canadien en matière d’immigration a été fluide et a évolué au fil du temps en réponse à des facteurs tels que les besoins économiques internes, l’opinion publique et les attitudes nationales à l’égard de questions telles que la race et la nationalité, ainsi qu’à des développements internationaux plus larges.
Mais qu’est-ce que cela signifiait pour les enfants immigrants? Le nombre de jeunes qui ont émigré suggère qu’il y avait d’autres objectifs que la simple réduction de la population d’enfants dans les orphelinats de Grande-Bretagne. En effet, ce système était mutuellement bénéfique, ces enfants constituant une source de main-d’œuvre bon marché très demandée au Canada. Les petites exploitations familiales ont proliféré dans les zones rurales, en particulier en Ontario et au Québec, ce qui a entraîné le recours au travail des enfants.[11] Les filles étaient également recherchées pour le service domestique, les Canadiennes préférant le travail en usine, mieux rémunéré et plus respectable.[12] Ainsi, les enfants arrivant régulièrement de Grande-Bretagne ont comblé ces lacunes sur le marché du travail. Environ 500 de ces enfants ont immigré au cours des années 1870, puis environ 1 500 par an entre 1879 et 1882.[13] Cette tendance s’est poursuivie au début du 20e siècle, avec 33 500 enfants arrivés au Canada entre 1901 et 1915. Pourtant, la demande restait souvent supérieure à l’offre, avec près de 300 000 demandes d’enfants reçues au cours de cette période.[14]
La Première Guerre mondiale a ralenti l’immigration de tous les groupes démographiques, et celle-ci ne s’est pas rétablie immédiatement après la fin du conflit. Au cours de la décennie précédant la guerre, l’immigration totale en provenance de Grande-Bretagne s’élevait à 99 000 personnes par an, mais n’atteignit qu’environ 54 000 personnes au cours des années 1920.[15] Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement canadien a mis en place un certain nombre d’initiatives. L’Empire Settlement Scheme (le plan d’établissement de l’Empire) de 1922 prévoyait une aide au transport pour les agriculteurs, les ouvriers agricoles, les domestiques et les jeunes. Bien qu’il n’ait pas atteint le niveau de réussite souhaité, il a encouragé l’immigration de 127 654 personnes en 1931.[16] Il a également prolongé l’immigration des enfants du pays, le gouvernement recevant chaque année entre 10 000 et 30 000 demandes excédentaires de jeunes travailleurs britanniques.[17] Malgré la législation de 1924 stipulant que seuls les enfants âgés de plus de 14 ans pouvaient bénéficier de cette assistance, les admissions ont continué à se situer entre 1 000 et 2 000 par an, pour atteindre plus de 4 000 en 1930.[18]
Entretiens avec d’anciens petits immigrés au Musée canadien de l’immigration
« Un autre petit morveux. » Le voyage
Les souvenirs des débuts de la vie au Royaume-Uni sont souvent entachés par des expériences de pauvreté et de difficulté, qui ont conduit à l’institutionnalisation dans des foyers gérés par l’État ou par le secteur privé. Les difficultés rencontrées par les mères célibataires pour soutenir et maintenir la cohésion des familles nombreuses sont souvent mentionnées dans les récits. Jack Dove, âgé de 9 ans lorsqu’il a été emmené au Canada en 1905, se souvient que « Mon père est parti un jour. Ma mère m’a emmené dans ce foyer et s’est arrangée pour me garder avec d’autres enfants dans les foyers du Dr Barnardo, et la femme m’a attrapée, en disant : “Un autre petit morveux.” Je n’ai pas revu ma mère pendant six ans. »[19] Il a vraisemblablement été emmené au foyer Barnardo’s Stepney Causeway, dans l’est de Londres.
La famille Davis, de Haseley à Birmingham, a vécu des expériences similaires. Les jumeaux Albert et Edward avaient été pris en charge par leur grand-mère maternelle et leur tante, tandis que leur mère, Jane, travaillait comme cuisinière dans un domaine du Yorkshire. Cependant, un médecin local a conseillé à Jane de les faire entrer au foyer Middlemore lorsqu’elle est devenue trop âgée pour s’occuper d’eux. Leur dossier d’admission, daté du 8 mars 1912, indique que les garçons étaient « de gentils enfants, au-dessus de la moyenne de notre classe, propres et soignés. Les enfants sont des jumeaux et la mère a travaillé courageusement pour eux pendant onze ans. » Les dossiers d’Albert et d’Edward révèlent d’autres détails sur leur situation familiale, en précisant : « Elle [Jane] a reçu de l’argent de façon intermittente de la part du père, mais il n’a pas effectué ses paiements de manière régulière tel qu’exigé dans l’accord rédigé par un cabinet d’avocats. Il s’est marié récemment et il lui sera donc plus difficile de continuer les paiements. »[20]
L’admission dans un foyer n’a souvent guère amélioré la vie de ces enfants. Les souvenirs de George Flower concernant le foyer MacPherson à Londres, auquel il a été confié à l’âge de sept ans, sont éprouvants et ses souvenirs de faim sont particulièrement marquants : « La nourriture manquait... Nous l’attendions les dimanches avec impatience, parce que nous avions une tourtière pour le dîner après l’église, c’était une gâterie. Pour aller à l’église, nous marchions deux par deux et nous avions l’habitude de nous battre pour être du côté extérieur, histoire de trouver une pelure de fruit le long du trottoir pour la manger. L’expérience n’était pas agréable. Les enfants faisaient pipi au lit à cause du manque de nourriture et pour ne pas perdre la chaleur. »[21] En revanche, certains ont des souvenirs positifs. Bien qu’il ait parlé de sa mère « restée dans l’embrasure de la porte à pleurer » lorsqu’il a été emmené dans un foyer à Southampton après la mort de son père, Henry William Burnabeer a déclaré qu’il y était heureux jusqu’à ce qu’il s’embarque pour le Canada à l’âge de neuf ans en octobre 1912.[22]
Ces récits confirment que les enfants étaient préparés à l’émigration dès leur plus jeune âge. L’idée que leur avenir se trouvait outre-Atlantique semble avoir été subtilement présentée à de nombreux jeunes. Henry Burnabeer se souvient : « On nous a montré des photos du Canada. »[23] Il a été noté que le gouvernement canadien a commandité des campagnes publicitaires destinées à des groupes démographiques cibles.[24] La perspective d’une nouvelle vie au Canada a été accueillie avec un mélange d’enthousiasme, d’espoir, de trépidation et de naïveté. George Flower a parlé de cette perspective comme d’une « évasion, parce qu’il y avait beaucoup de choses à fuir, parce que le Canada était comme un pot d’or au bout d’un arc-en-ciel. »[25] Charles Davenport se rappelle du moment où le Dakeyne Street Lads Club a demandé des volontaires pour émigrer : « Je me suis levé, j’étais impulsif et j’allais toujours de l’avant. »[26] Robert Clapham et ses pairs, pour leur part, affirment que « lorsque nous avons eu l’occasion de traverser l’océan et de trouver une nouvelle demeure, nous l’avons saisie... nous avons pensé que ce serait amusant. »[27] D’autres semblaient avoir mal compris ce que l’émigration signifierait pour eux. Comme le raconte Agnes Fenton, « nous ne savions pas que nous ne reverrions jamais l’Angleterre, nous ne réalisions pas que nous allions dans un autre pays. »[28] Cela soulève des questions sur le consentement obtenu, ou sur l’absence de consentement, dans de nombreux cas.
Les entretiens documentent en détail le processus d’immigration. La sélection et l’épreuve d’obtenir des vêtements et des bagages sont souvent évoquées. J.D. Betts, qui a quitté le Sheltering Home de Liverpool à l’âge de onze ans en 1927, raconte : « Ils vous donnaient simplement une malle de vêtements et vous disaient tu vas travailler à la ferme. » À Stepney Causeway, Jack Dove s’est fait photographier et se souvient d’avoir été « aligné en rangs et il y avait des malles sur une longue ligne. Nous devions nous tenir derrière la malle. Et ils écrivaient notre nom sur la malle. Puis un autre homme venait avec des chapeaux pour nous en donner un. Le lendemain, nous faisions peut-être la même chose; ils essayaient d’autres vêtements sur nous encore et encore, jusqu’à ce que nous ayons tout. Je n’ai pas revu la malle avant d’arriver au Canada. »[29] Il est peu question des examens médicaux, qui sont devenus obligatoires à partir de 1925, mais seules trois des entrevues racontent une émigration après cette date.[30]
Les souvenirs du voyage lui-même sont très présents. Il s’agit sans aucun doute d’une nouvelle expérience étrange, à laquelle les personnes interrogées ont associé toute une série d’émotions différentes. J.D. Betts a parlé d’« excitation, parce que c’était un grand paquebot. »[31] Charles Davenport garde un souvenir positif de son voyage de dix jours. Bien que lui et beaucoup de ses pairs aient souffert du mal de mer les premiers jours, ils ont passé du temps avec un groupe d’Ukrainiens qui se rendaient dans l’ouest du Canada. Il a tissé des liens étroits avec une femme, qu’il a décrite comme « du genre maternel », et qui voulait qu’il reste avec elle.[32] La peur et la nervosité, ainsi que la tristesse et le désarroi face à la séparation soudaine d’avec les frères et sœurs et la famille, sont manifestes dans d’autres histoires. Elizabeth Phelan Wright, qui n’avait que huit ans à l’époque, a déclaré : « Ils nous ont bien nourris sur le bateau, mais j’avais peur et d’autres étaient malades. »[33]
« Aucun réconfort ne m’a été offert. Le retour à la réalité a été brutal. » L’arrivée
On a l’impression que les jeunes, à leur arrivée au Canada, considéraient ce pays comme une nouvelle terre étrangère qui n’existait auparavant que dans leur imagination. Elizabeth Phelan Wright a fait le contraste entre la campagne et les villes britanniques, remarquant qu’« avant de venir ici, je n’avais jamais vu l’obscurité la nuit, parce que Birmingham était toujours illuminée. »[34] Charles Davenport était quelque peu déçu, sa première impression d’Halifax étant que la ville était « morne ». C’est à ce moment que la réalité de la situation semble s’être imposée à beaucoup de jeunes, entraînant le mal du pays. Charles Davenport, qui était adolescent lorsqu’il a quitté la Grande-Bretagne, a abordé la question de manière pragmatique, racontant que « les autres garçons pleuraient, mais je n’étais pas du tout bouleversé. Peut-être parce que mes parents adoptifs en Angleterre m’avaient déjà endurci. J’étais réaliste et je devais accepter ce qui m’arrivait. »[35] George Flower a admis qu’il avait « le mal du pays et j’ai commencé à pleurer. Je voulais retourner au foyer. »[36]
La confusion quant à leur destination semble avoir perduré, même après que les enfants aient embarqué dans les trains de la ville portuaire où ils étaient arrivés. Jack Dove l’a confirmé : « Vous ne saviez pas où vous alliez et vous aviez tout simplement une carte collée sur vous avec un nom et un numéro. Ils nous ont dit que certains iraient à Toronto, à Halifax, à Vancouver et à Winnipeg. »[37] La mémoire d’Elizabeth Phelan Wright est similaire. Elle savait qu’elle serait séparée de sa sœur et a souligné qu’« il y avait un numéro sur notre veste et notre nom, ainsi que sur notre sac de voyage. »[38] Agnes Fenton a déclaré que « lorsque nous sommes allés au Cap-Breton, certains sont descendus à des arrêts de chemin de fer. Une fille est descendue à un drôle d’endroit. Je n’avais pas réalisé que beaucoup de filles allaient ailleurs qu’en Nouvelle-Écosse. »[39]
Aucune des personnes interrogées n’a passé plus que quelques jours dans un foyer d’accueil. J.D. Betts a passé environ une journée dans le foyer de Belleville, tandis que Robert Clapham a passé la nuit dans un foyer de Hamilton.[40] Les souvenirs de leur première rencontre avec leur famille d’accueil sont beaucoup plus vifs. L’impression dominante est celle de l’aspect pratique, à savoir que l’accueil d’un enfant britannique était une opération commerciale pour de nombreuses familles canadiennes. Robert Clapham a comparé son expérience au commerce du bétail : « Ils nous ont emmenés dans une grande salle et les fermiers nous regardaient comme s’ils cherchaient une vache de grande valeur lors d’une vente aux enchères. J’ai été l’un des premiers à partir. »[41] George Flower a eu l’impression d’être interrogé par sa future famille. Il se souvient que « j’ai été appelé pour une entrevue par un agriculteur. Le fermier était venu avec son fils de cinq ans. Nous étions dix dans la salle, et il a demandé si l’un d’entre nous savait chanter. J’ai chanté et, à la fin, le fils m’a réclamé. On m’a dit de faire mes bagages et on m’a emmené à la ferme en voiture à cheval. »[42] Les premières impressions négatives sur les familles d’accueil sont légion. George Flower ressentait qu’« aucun réconfort ne m’a été offert. Le retour à la réalité a été brutal. » Robert Clapham, lui, raconte que « le fermier ne m’a pas accueilli, il m’a dit de me changer et de me mettre au travail. »[43]
« J’étais un esclave, c’est tout. » Appartenance
Une fois placé dans une famille d’accueil, le défi de construire un sentiment d’appartenance et de s’assimiler à la communauté commençait. Pour les petits immigrés, cela a commencé dans leur nouvelle maison, avec la scolarisation et le travail comme préoccupations principales. Les garçons devaient travailler de longues journées dans des fermes, à effectuer des travaux éreintants. À l’âge de treize ans, Jack Dove « faisait un travail d’homme à part entière. » Il s’occupait des tâches ménagères, de traire les vaches, de nourrir les animaux et, « en été, je devais emmener un attelage de chevaux aux champs toute la journée et traire les vaches. Personne ne m’a jamais aidé. Je devais aider à récolter et j’avais une panoplie de corvées à faire ensuite. Parfois, j’étais tellement fatigué que je m’endormais sur le sol. »[44] Il n’était pas rare de voir des filles cultiver la terre tout en effectuant des travaux domestiques à la maison. Margaret Gray a déclaré : « Je n’ai pas travaillé comme une fille, j’ai travaillé comme un homme. »[45] Les programmes en faveur des petits immigrés prévoyaient qu’ils reçoivent un salaire à partir d’un certain âge. Selon une circulaire diffusée au Canada par Maria Rye, « les enfants ont entre neuf et douze ans ... [ils] sont liés, jusqu’à l’âge de dix-huit ans, par les conditions suivantes : jusqu’à l’âge de quinze ans, ils doivent être nourris, vêtus et envoyés à l’école du dimanche. De quinze à dix-sept ans, ils ne sont pas à vêtir, mais ils reçoivent un salaire de 3 $ par mois, et de 4 $ par mois de dix-sept à dix-huit ans. »[46]
En effet, un certain nombre d’entretiens mentionnent des salaires (ou leur absence). Lorsque George Flower est arrivé dans son deuxième foyer, le foyer d’accueil de Marchmont lui a envoyé un contrat exigeant qu’il soit vêtu et qu’il reçoive 5 $ le 1er décembre de chaque année.[47] En outre, les petits immigrés devaient être envoyés à l’école. Cependant, beaucoup y sont allés de manière irrégulière, principalement pendant les mois d’hiver, lorsqu’il y avait moins de travaux agricoles à effectuer. J.D. Betts n’y est « allé que pendant environ deux ans et puis c’est tout » et Henry Burnabeer se souvient d’être allé à l’école jusqu’à ce qu’on lui donne la possibilité de travailler pour un vrai salaire.[48] Ainsi, le commentaire de Flower selon lequel « c’était une opération commerciale » s’applique certainement à de nombreuses personnes interrogées.[49]
Ce fait est corroboré par un rapport de 1924 sur la migration des enfants, qui note que « la demande au Canada d’enfants en provenance de Grande-Bretagne est due, dans quelques cas, à un véritable désir de la part de personnes sans enfants [...] d’accueillir un jeune enfant dans leur foyer en tant que membre de la famille », et poursuit en soulignant à quel point il est inhabituel que les adoptions légales des enfants soient rares. Le rapport confirme que « dans la majorité des cas, il ne fait aucun doute que le garçon ou la fille est nécessaire en tant qu’aide. Nous avons constaté que de nombreuses exploitations étaient d’une taille telle que l’agriculteur et sa femme n’avaient pas besoin de l’aide d’un adulte et déclaraient même ne pas pouvoir se la permettre. Dans de nombreuses grandes fermes, nous avons constaté que le fermier était heureux de pouvoir compter sur les services d’un garçon ou d’une fille en plus de l’aide adulte qu’il engageait. Les enfants les plus jeunes étaient généralement censés aider la femme dans ses tâches ménagères et effectuer les travaux légers pour lesquels les enfants d’agriculteurs sont généralement élevés. »[50]
Les conditions de vie et les traitements reçus varient. Certains ont gardé de bons souvenirs de leurs premières années au Canada. Lorsqu’elle se souvient de sa première famille d’accueil, chez un fermier et sa mère âgée, Elizabeth Phelan Wright raconte qu’elle se méfiait de cette femme qui parlait surtout le gaélique et seulement un peu l’anglais : « ... la dame très âgée ne parlait pas beaucoup l’anglais, mais elle m’a fait comprendre. J’avais peur d’elle, mais elle n’était pas si méchante. »[51] Elle a indiqué avoir été bien traitée dans l’ensemble : « J’ai eu beaucoup à manger et des vêtements, et ils ont été gentils avec moi. Je n’avais pas l’âge de travailler, mais ils m’ont laissé cueillir des baies. »[52] Henry William Burnabeer, qui a été placé à Napanee, en Ontario, chez M. et Mme William Hill, se distingue par son expérience. Il en est venu à les appeler « mère » et « père » et, bien qu’on attendait de lui qu’il travaille dur, il a été bien traité. Il est clairement devenu l’un des membres de la famille et a mentionné qu’« après le décès de M. et Mme Hill, j’ai reçu 400 $ dans le testament après avoir passé vingt ans avec eux. »[53]
Cependant, d’autres ont été victimes de négligence et d’abus de la part de leur nouvelle famille, leur qualité de vie guère meilleure qu’en Grande-Bretagne. La violence, la faim et les vêtements inadaptés sont des thèmes récurrents. Phelan Wright, qui a vécu dans une succession de foyers différents à la suite du décès de la mère de l’agriculteur, n’a pas connu la même réussite lors de ses placements ultérieurs. Dans sa deuxième maison, à Boularderie, en Nouvelle-Écosse, elle était bien vêtue, mais « j’avais faim presque tout le temps » et elle décrit un incident au cours duquel « j’empilais du bois et je ne l’ai pas fait correctement; il m’a giflée et m’a dit que ce n’était pas bon et que je devais recommencer. » Dans sa troisième maison, à Whycoomagh, en Nouvelle-Écosse, où elle a vécu avec un couple marié et leur jeune fille, les mauvais traitements ont augmenté. Elle avait peur de nourrir les chevaux et, lorsque le mari s’en est aperçu, « il m’a battue avec le fouet de cheval. » Le médecin local a remarqué ses blessures et lui a mis un pansement sur le visage, mais elle savait qu’elle « devrait l’enlever avant de rentrer à la maison parce qu’alors ils m’auraient vraiment battue. » Plus tard, Phelan Wright a été tenue pour responsable d’un accident au cours duquel la fille est tombée sur le poêle. En conséquence, « elle [la mère] m’a battue et battue. Elle m’a ensuite dit d’aller chercher des seaux d’eau, m’a fait descendre les marches à coups de pied et m’a dit de ne pas revenir. » Une fois de plus, le médecin est intervenu et a même menacé de poursuivre le couple en justice. Phelan Wright a finalement été renvoyée de ce foyer et a déménagé une fois de plus.[54]
Bien qu’il s’agisse d’un récit relativement court, Margaret Gray raconte une histoire particulièrement dure. Elle s’est retrouvée au Nouveau-Brunswick dans une famille qui avait un fils qui, à son avis, bénéficiait d’un traitement préférentiel. Il « ne faisait jamais rien de mal. C’est toujours moi qui se faisait fouetter. » Elle évoque des abus sexuels, affirmant « ils ont nié m’avoir violée », qu’elle confirme plus loin dans l’entretien : « les hommes niaient toujours de m’avoir violée. » Cela donne l’impression qu’elle a tenté de chercher de l’aide et de parler à quelqu’un de ces incidents. Cependant, il semble que personne ne l’ait écoutée et qu’elle recevait plutôt « des coups de fouet pour avoir menti. »[55]
Ainsi, les programmes d’aide aux enfants à domicile ont fait l’objet de vives critiques, tant pendant leurs activités qu’après leur cessation. De tels abus étaient possibles en raison d’une réglementation peu contraignante de la part des autorités britanniques et canadiennes. Dès le départ, des tentatives ont été faites pour suivre les enfants une fois qu’ils avaient été placés, par l’entremise d’inspections annuelles. Toutefois, les inspections étaient entravées par un nombre insuffisant d’inspecteurs et des infrastructures médiocres dans les zones rurales où résidaient la plupart des petits immigrés. En réponse aux préoccupations croissantes dès 1874, Andrew Doyle a été chargé d’observer et de faire un rapport au Local Government Board (Conseil de gouvernement local), principalement sur les combines de Maria Rye et d’Annie Macpherson. Il a accompagné un groupe d’enfants de Rye de Liverpool jusqu’au Québec et a visité des foyers d’accueil à Knowlton, Belleville, Niagara et Galt, avant d’inspecter environ 400 enfants.[56] Le rapport était accablant. Les derniers paragraphes de Doyle affirment qu’« aucune classe de Canadiens ne consentirait à accepter de telles conditions de service pour leurs propres enfants. »[57]
Ce rapport a permis d’endiguer temporairement le flux d’enfants immigrants. Le gouvernement canadien a tenté d’étouffer les critiques qui lui ont été adressées par la suite en adoptant une nouvelle législation. La loi de 1897 visant à réglementer l’immigration de certaines catégories d’enfants en Ontario exigeait que les agences d’immigration pour enfants soient agréées et soumises à des inspections. Des lois similaires ont été adoptées au Manitoba, au Québec, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.[58] Or, lorsque les placements étaient inspectés, les enfants ne révélaient souvent pas le mauvais traitement subi, par peur des répercussions. Charles Davenport a fait remarquer qu’« un fonctionnaire venait nous rendre visite une fois par an avec un homme du foyer. Nous avions peur de dire que quelque chose n’allait pas parce que les fermiers auraient pris des mesures de représailles après leur départ. »[59] De même, la famille d’accueil de Margaret Gray a été dénoncée par des voisins, qui la voyaient effectuer des travaux inutilement difficiles. Cependant, la famille a menti, affirmant que Gray était prise en charge et envoyée à l’école et à l’église.[60] Grâce à ces tromperies, le rapport de 1924 sur les enfants immigrants brosse un tableau faussement positif, affirmant que « d’après nos observations personnelles et les propos des enfants eux-mêmes et de ceux avec qui ils sont placés au sujet des inspecteurs, nous avons eu une impression très favorable du personnel d’inspection et de son travail. »[61]
Le sentiment d’appartenance s’est développé au-delà des familles d’accueil et s’est étendu à l’ensemble de la communauté. Un certain nombre d’attitudes différentes peuvent être identifiées, à la fois au niveau national et dans un contexte plus local. L’opinion des Canadiens à l’égard des petits immigrés, comme à l’égard de tous les immigrants, divergeait. Le gouvernement considérait généralement les Britanniques comme particulièrement désirables et n’imposait que quelques restrictions à leur entrée. Les industriels et les personnes désireuses de développer l’économie canadienne souhaitent faire venir des travailleurs de l’étranger. Toutefois, cela ne reflétait pas nécessairement l’opinion populaire, en particulier dans les campagnes où les Britanniques n’étaient pas toujours bien considérés en tant que travailleurs et étaient perçus comme mal préparés à la vie rurale.[62] Les petits immigrés étaient perçus de la même manière.
Bien que le gouvernement ait continué à soutenir les programmes en faveur des petits immigrés, certains milieux étaient critiques. Le mouvement ouvrier et les syndicats ont dénoncé l’importation de main-d’œuvre enfantine bon marché qui privait les adultes canadiens d’un emploi ou le rendait plus difficile à obtenir, et faisait baisser les salaires de ceux qui en avaient. Les responsables de l’application de la loi, préoccupés par les effets que ces jeunes « délinquants » pourraient avoir sur la société, ont exprimé leurs préoccupations. Il en va de même pour certains professionnels de la santé, qui ont invoqué l’eugénisme pour s’opposer aux programmes relatifs aux petits immigrés.[63] Les préjugés se sont propagés dans l’ensemble de la population et sont évidents dans de nombreux entretiens. George Flower, un Londonien, raconte : « mon accent était très prononcé parce que je suis né à Paddington et j’avais un accent cockney, ce qui m’a valu de nombreuses moqueries. Ou pire, ils m’ont traité de maudit Anglais. Cela a donné lieu à de nombreuses bagarres. » Pour tenter de se débarrasser de ce stigmate, il a « rapidement appris à me débarrasser de l’accent. Maintenant, je n’ai plus d’accent du tout. »[64] J.D. Betts se plaint de ne pas avoir été traité de la même manière que les enfants canadiens.[65] Même les rapports des inspecteurs ont noté que cette différenciation entre les enfants canadiens et les enfants du pays était problématique et ont conseillé d’éviter la terminologie qui les différenciait. Le rapport de 1924 observe que les jeunes placés par les sociétés d’aide à l’enfance étaient largement connus sous le nom de « Shelter Children » (enfants en foyer d’accueil). Le rapport notait également qu’ils étaient « eux-mêmes marqués de cette manière par rapport aux autres enfants canadiens. Nous doutons qu’il soit sage d’adopter un système qui ne ferait que substituer un signe distinctif à un autre. »[66]
« Nous avons survécu et sommes peut-être de meilleurs citoyens grâce à cette expérience. » Dénouement
Être un petit immigré au Canada a sans aucun doute eu des effets durables et a façonné leur vie ultérieure. Nombreux sont ceux qui ont quitté les fermes où ils vivaient et travaillaient lorsqu’ils étaient enfants ou adolescents pour trouver un emploi mieux rémunéré. Charles Davenport s’est vu proposer du travail à Kentville par un certain M. Robertson, propriétaire d’une entreprise d’accastillage à Halifax. Cette partie de son récit est marquée par un sentiment de soulagement : lorsqu’il est parti, « il n’y a pas eu d’adieux ... lorsque je suis monté dans sa voiture, j’étais vraiment heureux pour la première fois de ma vie. » De nombreux garçons se sont engagés dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Après une période de chômage, Davenport s’est engagé dans l’armée « pour les avantages ».[67] Robert Clapham a quitté la ferme en 1942 pour travailler dans une usine de Hamilton, mais il a été appelé au service militaire quatre mois plus tard.[68] Certaines des personnes interrogées parlent de leurs tentatives de renouer avec leur famille en Grande-Bretagne. Malheureusement, certains n’ont pas réussi, comme Robert Clapham, qui n’a pas pu retrouver sa mère malgré des tentatives répétées.[69]
Les souvenirs et les attitudes exprimés par les personnes interrogées à l’égard des programmes de petits immigrés sont complexes et présentent de multiples facettes. Robert Clapham a simultanément exprimé qu’il n’avait pas de ressentiment ou de colère à l’égard des programmes eux-mêmes, mais il reconnaît que les mauvais traitements auraient pu être évités. « Je n’avais aucune rancœur contre qui que ce soit ou quoi que ce soit, le ministère de l’Immigration aurait pu être un peu mieux... Le système aurait pu nous donner une chance dans la vie, peut-être. Mais les conditions étaient si mauvaises. Nous étions méprisés. Les gens d’aujourd’hui ne peuvent pas comprendre ce que cela peut faire à quelqu’un. »[70] Jack Dove a également apporté son soutien général, restant convaincu qu’il offrait aux enfants britanniques pauvres le meilleur avenir possible. À son avis, « il était justifié d’amener des enfants au Canada dans ces circonstances. Qu’auraient-ils fait des enfants en Angleterre à cette époque? Il n’y avait rien à faire avec eux. Je connais plus de personnes à Toronto qui ont collecté de l’argent pour les foyers des petits immigrés qu’en Angleterre. L’Angleterre avait peut-être l’argent, mais elle ne le donnait pas. Rien que pendant la Première Guerre mondiale, plus de 4 000 enfants ont été placés dans des foyers dirigés par le Dr Barnardo. Je peux comprendre que les enfants n’aient pas été nourris comme ils auraient dû l’être, ils n’en avaient pas les moyens. » Comme Robert Clapham, il est plus critique à l’égard de la gestion des programmes et des inspecteurs en particulier : je blâme les inspecteurs qui n’ont pas inspecté les enfants, mais seulement les personnes qui ont embauché les garçons. Le Dr Barnardo était un grand homme. Ce sont ses inspecteurs qui étaient horribles. »[71]
Conclusion
Ces personnes ont été victimes à la fois du désir des Britanniques de faire face au problème de l’augmentation constante de leur population et de la recherche par les Canadiens d’une main-d’œuvre bon marché pour contribuer à l’expansion économique. Transportés de l’autre côté de l’océan Atlantique sous les auspices du programme des petits immigrés, ils ont été laissés pour compte par les gouvernements des deux pays, qui n’ont pas suffisamment réglementé et contrôlé les programmes. Ce chapitre particulier de l’histoire britannique et canadienne est donc un chapitre sombre, caractérisé par l’émigration, souvent non consentie, d’enfants britanniques qui avaient déjà connu de grandes difficultés vers de nouveaux foyers à l’étranger. Ici, la nouvelle vie avec de meilleures perspectives qui leur avait été promise s’est rarement concrétisée. Ils ont plutôt été victimes de négligence et de mauvais traitements. La collection d’entretiens d’histoire orale conservée au Musée canadien de l’immigration est importante, car elle contribue aux efforts actuels visant à garantir la reconnaissance des récits et des souvenirs des petits immigrés. Comme l’a déclaré la présidente de l’organisation caritative Home Children Canada, Lori Oschefski, après la découverte à Glasgow d’une boîte antique contenant quatre-vingts négatifs sur verre de photographies de petits immigrés, « le Canada a été construit sur le dos de ces enfants. Il faut le reconnaître et ne jamais l’oublier. »[72]
- Susie L. Steinbach, Understanding the Victorians: politics, culture and society in nineteenth-century Britain (New York : Routledge, 2023), 109.↩
- Eric Hopkins, Industrialisation and society: a social history, 1830-1951 (London : Routledge, 2000), 7.↩
- Brian Ahearn, « The British industrial revolution in a European mirror » dans The Cambridge Economic History of Britain, Volume I: 1700-1870, Roderick Floud, Jane Humphries et Paul Johnson, éd. (Cambridge : Cambridge University Press, 2018), 9.↩
- Richard Rodger, « Political economy, ideology and the persistence of working-class housing problems in Britain, 1850-1914 », International Review of Social History, 32 : 2 (1987), 112-113.↩
- Simon Szreter et Graham Mooney, « Urbanisation, mortality, and the standard of living debate: new estimates of the expectation of life at birth in nineteenth-century British cities », The Economic History Review, 51 : 1 (février 1998), 88.↩
- C.H. Lee, « Regional inequalities in infant mortality in Britain, 1861-1971: patterns and hypotheses », Population Studies, 45 : 1 (1991), 57.↩
- The Times, 27 avril 1874.↩
- Peter Kirby, « A brief statistical sketch of the child labour market in mid-nineteenth-century London », Continuity and Change, 20 : 2 (août 2005), 232.↩
- Lionel Rose, The erosion of childhood: childhood in Britain, 1860-1918 (London : Routledge, 2002), 5.↩
- Pour en savoir plus, consulter G.H. Corbett, Nation builders: Barnardo children in Canada (Toronto : Dundurn Press, 1997); C. Mainville, « The Middlemore boys: immigration, settlement and Great War volunteerism in New Brunswick », Acadiensis, 42 : 2 (2013), 51-74; Lillian Birt, The children’s home finder: the story of Annie Macpherson and Louisa Birt (J. Nisbet, 1913); Moira Martin, « “A future not of riches but of comfort”: the emigration of pauper children from Bristol to Canada, 1870-1915 », Immigrants and Minorities, 19 : 1 (2000), 25-52.↩
- Ninette Kelley et Michael Trebilcock, The making of the mosaic: a history of Canadian immigration policy (Toronto : University of Toronto Press, 2010), 91.↩
- Kelley et Trebilcock, 87.↩
- Kelley et Trebilcock, 91.↩
- Kelley et Trebilcock, 126.↩
- Kelley et Trebilcock, 193.↩
- Kelley et Trebilcock, 193.↩
- Kelley et Trebilcock, 196.↩
- Kelley et Trebilcock, 198.↩
- Entretien avec Jack Dove, interviewé par Heather Laskey, collection du Musée canadien de l’immigration (ci-après MCI) (R2017.963.11-12).↩
- Histoire d’immigration de Bert et Mary Davis, collection du MCI (S2018.82.1).↩
- Entretien avec George Flower, interviewé par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.2).↩
- Histoire d’immigration de Henry William Burnabeer, collection du MCI (S2012.1855.1).↩
- Histoire d’immigration de Henry William Burnabeer.↩
- Kelley et Trebilcock, 78-87.↩
- Entretien avec Flower.↩
- Entretien avec Charles Davenport, interviewé par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.9-10).↩
- Entretien avec Robert Clapham, interviewé par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.11).↩
- Entretien avec Agnes Fenton West, interviewée par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.10).↩
- Entretien avec Dove.↩
- Kelley et Trebilcock, 190.↩
- Entretien avec J.D. Betts, interviewé par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.2.3).↩
- Entretien avec Davenport.↩
- Entretien avec Elizabeth Phelan Wright, interviewée par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.13).↩
- Entretien avec Wright.↩
- Entretien avec Wright.↩
- Entretien avec Flower.↩
- Entretien avec Dove.↩
- Entretien avec Wright.↩
- Entretien avec West.↩
- Entretiens avec Betts et Clapham.↩
- Entretien avec Clapham.↩
- Entretien avec Flower.↩
- Entretiens avec Flower et Clapham.↩
- Entretien avec Dove.↩
- Entretien avec Margaret Gray, interviewée par Heather Laskey, collection du MCI (R2017.963.16).↩
- Great Britain, Pauper children (Canada), 36; H.C. 1875 (9) lxiii, 255.↩
- Entretien avec Flower.↩
- Entretien avec Betts; Histoire d’immigration de Burnabeer.↩
- Entretien avec Flower.↩
- British Oversea Settlement Delegation to Canada, Report to the Secretary of State for the Colonies, President of the Oversea Settlement Committee, from the Delegation Appointed to Obtain Information Regarding the System of Child Migration and Settlement in Canada: Presented by the Secretary of State for the Colonies to Parliament by Command of His Majesty December, 1924 (Londres : HMSO, 1924) (ci-après rapport Bondfield) dans Bibliothèque et Archives Canada, fonds de la Direction de l’immigration, RG 76, Volume 51, dossier 2209, « Dr. Barnardo’s Homes - Training Home for Juvenile Immigrants », partie 4, xv, 137 [Cmd. 2285]; H.C. 1924-25, xv, 7.↩
- Entretien avec Wright.↩
- Entretien avec Wright.↩
- Histoire d’immigration de Burnabeer.↩
- Entretien avec Wright.↩
- Entretien avec Gray.↩
- Grande-Bretagne, Conseil du gouvernement local, Pauper children (Canada), Copy of a report to the Right Honourable the president of the Local Government Board, by Andrew Doyle, Esquire, local government inspector, as to the emigration of pauper children to Canada (Londres: HMSO, 1875), 3-4; H.C. 1875 (9) lxiii, 255.↩
- H.C 1875 (9) lxiii, 255.↩
- Kelley et Trebilcock, 94.↩
- Entretien avec Davenport.↩
- Entretien avec Gray.↩
- Rapport Bondfield, xv, 137 [Cmd. 2285], H.C. 1924-25, xv, 10.↩
- Kelley et Trebilcock, 125.↩
- Kelley et Trebilcock, 216-218.↩
- Entretien avec Flower.↩
- Entretien avec Betts.↩
- Rapport Bondfield, xv, 137 [Cmd. 2285], H.C. 1924-25, xv, 11.↩
- Entretien avec Davenport.↩
- Entretien avec Clapham.↩
- Entretien avec Clapham.↩
- Entretien avec Clapham.↩
- Entretien avec Dove.↩
- Eloise Alanna, « British Home Children: Antique box tells heart-breaking history », BBC News, 24 décembre 2023, https://www.bbc.co.uk/news/world-us-canada-67809153.↩