Ce livre contient plus que des recettes

Un livre sans couverture, avec des pages cousues ensemble à la reliure. Il y a de l’écriture manuscrite et une tache sur la première page jaunie.

Le livre de recettes de Rebecca Teitelbaum contient 110 pages de recettes recueillies dans un camp de concentration. (Collection du Vancouver Holocaust Education Centre, 99.008.001b)
 

L’exposition spéciale à la table : le goût de l’immigration se termine au Musée en janvier, avant d’entamer sa tournée dans tout le Canada au cours des cinq prochaines années.

Un livre de recettes qui en dit long

Un artéfact particulier se distingue dans l’exposition : un livre de recettes manuscrites compilé par Rebecca Teitelbaum, une femme juive belge emprisonnée dans le camp de concentration de Ravensbrück pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les pages du livre sont maintenant jaunies par l’âge et couvertes de l’écriture cursive de Rebecca. La création du livre a été un acte de défiance. Elle a volé le papier, ainsi qu’un crayon, dans le bureau de l’usine de munitions Siemens. Adjacente au camp, l’usine fonctionnait comme sous-camp où elle et plus de 2 000 autres femmes étaient forcées de travailler à la construction d’équipements pour la Luftwaffe (l’armée de l’air allemande).

Voler ce matériel était un risque énorme. Son neveu, Alex Buckman, interviewé dans le cadre d’un documentaire de la CBC en 2017, a dit : « S’ils l’avaient trouvée avec tous ces objets volés, ils l’auraient pendue pour vol, sans questions ni enquête, devant tous les prisonniers. »

Rebecca a échangé ses propres rations contre du fil et une aiguille. Elle a soigneusement cousu les feuilles pliées pour en faire un livre.

Des recettes d’espoir

Les recettes de ce livre ont été recueillies auprès de codétenues. Il est difficile de dire pourquoi Rebecca a lancé ce projet, mais dans ce camp où tout le monde avait été chassé de chez soi et où des milliers de personnes sont mortes de faim, rassembler des recettes familières permettait d’évoquer et de préserver des souvenirs du passé et de nourrir un espoir pour l’avenir. Il y a deux recettes par page. Le livre compte 110 pages.

Le livre contient également la recette de Rebecca pour le gâteau à l’orange, qui figure parmi les recettes présentées sur la page à la table du site Web du Musée.

Un vieux livre, ouvert sur une page manuscrite, difficilement déchiffrable, en français.

Une reproduction du livre de recettes, montrant la recette du gâteau à l’orange de Rebecca, prêtée par le Vancouver Holocaust Education Centre.

Une histoire qui a failli être perdue

Le livre de recettes a failli être perdu à jamais. En avril 1945, alors que les Alliés avançaient vers Ravensbrück, Rebecca a fait partie d’un groupe de prisonniers évacués en autobus par la Croix-Rouge, à destination de la Suède. Mais au cours du voyage, alors qu’ils traversaient des champs de bataille actifs, le convoi de Rebecca a été bombardé et elle a été blessée. Elle a été transportée vers un hôpital danois. Son sac, qui contenait sa correspondance et le livre de recettes, a été laissé sur place. Deux ans plus tard, il lui a été rendu par un homme qui l’avait trouvé dans l’épave de l’autobus. Il avait identifié son nom en lisant les lettres et l’avait retrouvée.

Rebecca a déménagé au Canada en 1951, arrivant au Quai 21 pour s’installer à Montréal. Elle est devenue citoyenne canadienne en 1957.

Le 18 novembre 2025, le Musée a organisé un événement en personne intitulé Recettes de la résistance, auquel des représentants du Vancouver Holocaust Education Centre ont participé par lien vidéo. Les invités ont entendu parler de la vie de Rebecca, ont dégusté le gâteau à l’orange de Rebecca et ont préparé un sablé aux amandes à emporter et à cuire. Les deux recettes sont incluses dans le livre.

Le livre de recettes et une réplique, ouverte à la page contenant la recette du gâteau à l’orange de Rebecca, sont tous deux exposés dans à la table. Ces objets spéciaux sont prêtés par le Vancouver Holocaust Education Centre. Ne manquez pas cette occasion de découvrir l’exposition à la table. L’exposition se termine le 18 janvier 2026.