Devenir un(e) réfugié(e)
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(Cette audio n'est disponible qu'en anglais; la transcription a été traduite de l'anglais.)
Ilse Thompson (IT) : Et, euh, nous avons passé du très bon temps. Puis, le jour est arrivé où j'ai rencontré mon amie dans la rue. Une amie, ma meilleure amie, dans la rue, et elle regardait, elle ne m'a pas regardée, elle ne m'a pas dit bonjour. Elle était occupée à marcher, peu importe vers où elle se dirigeait. Il lui était interdit de parler aux enfants juifs.
Steve Schwinghamer (SS) : Quel âge aviez-vous quand c'est arrivé ?
IT : Eh bien, j'avais, j'oublie toujours. Ce n'est pas dans ce livre, c'est dans un autre livre que j'ai écrit, mais euh, eh bien, je suis née en 1923 et c'était quand j'étais en sixième année et je crois que j’ai commencé l'école en 1933. Non, 1933, ça voudrait dire dix, dix ans. Enfin, c'était environ, j'avais peut-être dix ou onze ans.
SS : Dix ou onze ans ?
IT : Ouais. Je prenais des cours de piano et j'étais très bonne. Si je peux me permettre de le dire. Je ne peux plus jouer comme avant. Je jouais des sonates de Beethoven quand j’avais onze ans et des études de Chopin au même âge. Et mon père, qui était un pianiste autodidacte, adorait Beethoven et notre chambre à coucher—mon frère d’un côté et moi près du mur et mon frère de l'autre côté, juste à côté d'un mur où il y avait du papier peint, un mur avec du papier peint—ils avaient mis, ils voulaient découper le—il y avait une grande porte qu'ils voulaient fermer—et il jouait du piano tous les soirs. Au point où je ne pouvais pas m'endormir s'il n'était pas là. Alors, la bonne a eu des problèmes quand—ils sortaient assez souvent, mais j'avais l'habitude de m'endormir avec de la musique, avec la musique de mon père. Nous parlions de musique et il me montrait de la musique et quand nous allions prendre des marches, il me posait des questions d'arithmétique, car j'adorais l'arithmétique. Pas les mathématiques, juste compter. J'adorais ça et il me posait des questions. Et à cause de la musique, j'étais beaucoup plus proche de mon père que je ne l'étais de ma mère. Mais quand Hitler est arrivé, eh bien, vous savez, nous avons reproché Dieu. Maintenant, suite à l'holocauste, je ne crois plus en Dieu. Il—ils ont fermé les—plus d'école pour les enfants juifs. Alors, la seule façon pour les enfants de s'éduquer—si on peut appeler ça comme ça, ce que j'ai reçu peut à peine être qualifié d'éducation. On nous a envoyé dans—Les synagogues juives ont ouvert leurs portes, certaines synagogues, pour l’enseignement. Bien entendu, les professeurs étaient des Juifs qui avaient été renvoyés des écoles ordinaires et les Allemands—il est important de comprendre qu'en Allemagne, les Juifs étaient Allemands avant tout et puis ils étaient Juifs à côté. Nous n'étions pas religieux. Il y avait des Juifs religieux à certains endroits, mais nous n'allions pas à la synagogue, nous ne mangions pas de nourriture kascher. Nous étions Allemands. Mon père a fait la guerre, vous savez. Il s'est battu pour le Kaiser.
Histoire orale 08.04.02IT with Ilse Thompson
Musée canadien de l'immigration du Quai 21