Le Livre blanc sur l'immigration était un document commandé par le gouvernement libéral du premier ministre Lester B. Pearson afin de revoir la législation sur l’immigration et de formuler des recommandations sur sa restructuration. Un examen approfondi de la politique a été jugé nécessaire en réponse à l’évolution de l’économie canadienne. Les travailleurs qualifiés étaient de plus en plus en demande dans les domaines de la fabrication et de la gestion administrative, et les métiers professionnels et techniques étaient en croissance.[1] Malgré cette évolution économique, le taux d’immigration de travailleurs immigrants parrainés non qualifiés et sous-instruits demeurait élevé, contribuant ainsi à l’augmentation du chômage.[2]
Le Livre blanc sur l'immigration a été déposé au Parlement en 1966 par Jean Marchand, alors ministre responsable du ministère nouvellement créé de la main-d’œuvre et de l’immigration. Le rapport appelle à une plus grande harmonisation de la politique d’immigration et des intérêts économiques à long terme.[3] En raison des changements technologiques rapides dans l’économie, le rapport faisait valoir que le Canada devrait mettre l’accent sur le recrutement d’immigrants qualifiés et resserrer les contrôles sur le système de parrainage pour éviter un afflux de travailleurs non qualifiés.
Le système de parrainage existant à ce moment permettait à des citoyens canadiens et résidents permanents de parrainer des membres de la famille pour leur immigration, quelles que soient leurs compétences, leur formation ou leurs qualifications. Selon le nouveau système proposé, les citoyens canadiens pourraient parrainer un éventail plus large de parents dépendants et non à leur charge, mais les immigrants reçus se limiteraient à parrainer les personnes à leur charge immédiate. Le rapport suggérait en outre que les proches non-dépendants de citoyens canadiens devraient, au minimum, être alphabétisés dans leur langue et, s’ils avaient l’intention d’entrer sur le marché du travail, avoir certaines qualifications académiques ou professionnelles.[4]
Le Livre blanc recommandait également d’effectuer des révisions des classes proscrites d’immigrants afin de lever les obstacles contre ceux qui ne présentaient pas un réel danger pour le pays, comme les homosexuels et les alcooliques chroniques. En même temps, il réclamait une protection accrue contre les criminels et ceux qui tentaient d’entrer illégalement dans le pays. La législation existante donnait au ministre responsable de l’immigration des pouvoirs discrétionnaires étendus pour déterminer l’admissibilité des immigrants, mais le rapport recommandait d’imposer des restrictions sur ses pouvoirs afin de créer un système plus impartial.
Les idées exposées dans le Livre blanc sur l'immigration ont reçu de nombreuses critiques. Des groupes ethniques, des groupes syndicaux et des organisations religieuses s’opposaient spécifiquement aux restrictions en matière d’immigration parrainée, plaidaient pour un élargissement des catégories parrainées.[5] Le débat entourant le Livre blanc a forcé le ministère de la main-d’œuvre et de l’immigration à réévaluer ses politiques, menant à la mise en œuvre, en 1967, de nouvelles réglementations.[6]
Bibliothèque et Archives Canada. Livre Blanc sur l’immigration, 1966
- Ninette Kelley and Michael Trebilcock, The Making of the Mosaic: A History of Canadian Immigration Policy (« La création de la mosaïque : une histoire des politiques canadiennes d’immigration »), (Toronto: University of Toronto Press, 1998), 348.↩
- Valerie Knowles, Forging our Legacy: Canadian Citizenship and Immigration, (« Notre héritage en chantier : immigration et citoyenneté canadiennes»), 1900-1977 (Ottawa: Travaux publics et Services gouvernementaux, Canada, 2000), 83.↩
- Kelley et Trebilcock, 353.↩
- Kelley et Trebilcock, 352-353.↩
- Harold Troper, “Canada’s Immigration Policy since 1945,” (« La politique d’immigration du Canada depuis 1945 ») International Journal 48, no. 2 (Spring 1993): 269.↩
- Kelley et Trebilcock, 358.↩