La politique canadienne du multiculturalisme de 1971

Résumé

Dans une déclaration devant la Chambre des communes le 8 octobre 1971, Le premier ministre Pierre Trudeau a annoncé que le multiculturalisme dans un cadre bilingue était une politique officielle du gouvernement.. Le multiculturalisme visait à préserver la liberté culturelle des individus et offrir une reconnaissance des contributions culturelles des divers groupes ethniques à la société canadienne. Le gouvernement s’est engagé à appuyer le multiculturalisme en soutenant les groupes culturels dans leur développement, en aidant les individus à surmonter les obstacles discriminatoires, en encourageant les échanges interculturels et en aidant les immigrants à apprendre le français ou l’anglais.

Le 8 octobre 1971, dans une déclaration devant la Chambre des communes, le premier ministre Pierre Trudeau établissait le multiculturalisme comme étant une politique gouvernementale officielle. Le multiculturalisme visait à préserver la liberté culturelle des individus et offrir une reconnaissance des contributions culturelles des divers groupes ethniques à la société canadienne.

La politique du multiculturalisme a été mise en œuvre selon les recommandations de la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme. La Commission avait été formée en 1963 pour examiner l’état du bilinguisme et du biculturalisme au Canada et s’efforcer de développer un partenariat juste entre les éléments britanniques et français du pays. Les commissaires devaient en outre tenir compte de la contribution culturelle des autres groupes ethniques, mais de nombreux groupes culturels de partout au Canada craignaient que la dernière partie du mandat soit ignorée.[1] La Commission a traité ces questions dans leur quatrième et dernier rapport en recommandant que les groupes minoritaires bénéficient d’une plus grande reconnaissance et d’un soutien à la préservation de leurs cultures.[2]

Les recommandations de la Commission ont été adaptées pour devenir la politique officielle de multiculturalisme du gouvernement. Dans son discours à la Chambre des communes, Trudeau déclarait qu’aucune culture singulière ne pourrait définir le Canada et que le gouvernement acceptait « la prétention des autres communautés culturelles qu’elles aussi, sont des éléments essentiels au Canada. » Une politique de multiculturalisme a été mise en œuvre pour promouvoir le respect de la diversité culturelle et le droit des groupes ethniques à préserver et développer leur propre culture au sein de la société canadienne.

Le gouvernement s’est engagé à appuyer le multiculturalisme de quatre manières spécifiques : aider les groupes culturels dans leur développement et leur croissance; aider les membres de groupes culturels à surmonter les obstacles à la pleine participation dans la société; promouvoir des échanges fructueux entre groupes culturels; et aider les immigrants à apprendre le français ou l’anglais.[3] Malgré sa reconnaissance officielle du multiculturalisme, le gouvernement n’appuyait pas le multilinguisme. La Loi sur les langues officielles de 1969 définissait l’anglais et le français comme les deux langues officielles du Canada et la politique du multiculturalisme allait être établie dans ce cadre bilingue.

L’adoption du multiculturalisme était en partie motivée par des préoccupations politiques. La base traditionnelle de soutien libérale du Québec était menacée par la montée du séparatisme et le parti cherchait à augmenter son attrait. Trudeau espérait qu’une politique de multiculturalisme aiderait les libéraux à gagner les voix des communautés ethniques en Ontario et à apaiser l’opposition envers le bilinguisme officiel dans l’Ouest canadien.[4]

Le multiculturalisme constituait principalement une reconnaissance symbolique de la diversité culturelle plutôt qu’un changement substantiel dans la politique du gouvernement.[5] Peu de ressources ont été dévolues par le gouvernement pour la mise en œuvre de projets multiculturels, et la politique est restée marginale pendant de nombreuses années. Les idéaux du multiculturalisme étaient initialement bien accueillis, même si certains ont critiqué la politique pour son manque de substance et son accent sur les aspects folkloriques de la diversité ethnique, sans répondre aux préoccupations plus pressantes des groupes minoritaires.[6] La province de Québec s’opposait expressément au multiculturalisme, affirmant que la promotion de l’égalité culturelle diminurait l’importance des contributions françaises et anglaises à la Confédération canadienne.[7]

Bibliothèque et Archives Canada. Canada. Parlement. Chambre des communes. Débats, 28e Parlement, 3e session, tome 8 (8 octobre 1971): 8545-8548, Appendice, 8580-8585.


  1. Sarah V. Wayland, “Immigration, Multiculturalism and National Identity in Canada,” (« Immigration, multiculturalisme et identité national au Canada ») International Journal of Group Rights 5, no. 1 (1997): 46-47.
  2. Freda Hawkins, Critical Years in Immigration: Canada and Australia Compared (« Années critiques de l’immigration : comparaison entre le Canada et l’Australie »), 2nd éd. (Montreal: McGill-Queen’s University Press, 1991), 218; Michael Temelini, “Multicultural Rights, Multicultural Virtues: A History of Multiculturalism in Canada,” (« Droits multiculturels, vertus multiculturelles : Une histoire du multiculturalisme au Canada ») Multiculturalism and the Canadian Constitution, Éd. Stephen Tierney (Vancouver: University of British Columbia Press, 2007), 43-60.
  3. Wayland, 47.
  4. Wayland, 47.
  5. Peter S. Li, “The Multiculturalism Debate,” (« Le débat multiculturel ») in Race and Ethnic Relations in Canada, 2nd éd., éd. Peter S. Li (Toronto: Oxford University Press, 1999), 152.
  6. Wayland, 48.
  7. Hawkins, 221.