Longueur : 15:47
(Cette vidéo n'est disponible qu'en anglais; la transcription a été traduite de l'anglais.)
On m’appelle Charisma Grace, mais mon nom officiel est Genieve Walker.
Mon nom complet est Olena Stepanova.
Je m’appelle Joelle Buchanan.
Je m’appelle Kateryna Stepanova.
Omaira Eva Ospino Cárdenas.
Yuminary Brsyon. D’habitude on m’appelle Yumi.
Je suis née en URSS, donc l’Union soviétique.
Je suis née à Montego Bay, en Jamaïque.
Je suis née à Barquisimeto.
Je suis aussi née à Montego Bay, en Jamaïque.
Je suis née en Ukraine.
Je suis née à Caracas, au Venezuela.
Texte à l’écran
Ma mère et moi : Notre voyage
Une collaboration de recherche d’histoire orale entre le Musée canadien de l’immigration du Quai 21 et l’Immigrant Migrant Women’s Association of Halifax
Mères
Omaira Ospino, Venezuela :
J’ai travaillé dans l’industrie du pétrole au Venezuela pendant 25 ans... Et j’ai décidé de prendre ma retraite parce que j’avais le magnifique projet d’émigrer au Canada, parce que ma fille s’y trouvait déjà. Je trouvais qu’arriver en famille, c’était la bonne chose à faire.
Olena Stepanova, URSS/Ukraine :
Quand j’ai reçu mon diplôme universitaire, j’ai eu ma fille. Avant d’arriver au Canada, j’avais travaillé en comptabilité pendant près de 12 ans. Alors j’avais beaucoup d’antécédents dans mon pays natal.
Charisma Grace, Jamaïque :
J’étais jeune et je me suis dit, bon, d’accord, j’ai besoin de trouver quelque chose, j’ai besoin d’une carrière. Je dois avoir quelque chose, une compétence quelconque. Alors j’ai choisi les services infirmiers, parce qu’après avoir accouché de Joelle, à l’époque, elle était un bébé, elle avait peut-être deux ans. Et l’infirmière avait été si bonne avec moi, vous comprenez? Elle était sage-femme, et m’avait si bien traitée. Je me suis dit : « Voilà quelque chose que je me vois faire. Cette infirmière, ça pourrait être moi. »
Olena Stepanova :
Halifax est une grande ville avec plus d’opportunités, plus d’activité pour les enfants. La plus importante pour nous, c’était que ma fille y obtienne son diplôme universitaire. C’est pour cette raison que nous avons choisi la Nouvelle-Écosse.
Omaira Ospino :
En Amérique latine, nous sommes très axés sur la famille. Les enfants, même lorsqu’ils grandissent, même adultes, habitent avec leurs parents jusqu’à leur mariage. Alors quand nous avons déménagé ici, j’avais automatiquement en tête, que ma fille viendrait habiter avec moi, que nous serions de nouveau une grande famille, comme avant qu’elle est arrivée au Canada. Et ma première, notre première conversation ensemble, elle nous a dit : « Euh, non. J’ai mon propre appartement. J’habite seule. Pourquoi reviendrais-je habiter avec vous? » J’ai dit, « D’accord. « C’est vrai, mais alors ne t’en vas pas trop loin, d’accord? »
Charisma Grace :
Je savais, au fond de mon cœur, que ce serait un sacrifice, que j’allais devoir y adhérer. Je devais... Je devais me centrer, retrousser mes manches et me recentrer et me rappeler pourquoi j’étais venue, tous les jours, parce que tous les jours je voulais rentrer chez moi. Et vous savez, c’était... Je savais tout simplement que je devais... que j’avais un but ici. Mais aussi, je faisais une crise de nerfs tous les jours. Et je reconnaissais que c’était correct de me sentir comme ça, de m’ennuyer de ma fille. C’est si normal. S’ennuyer de sa mère et tout le reste, mais je ne pouvais pas décider de partir. C’était si invitant, mais ce n’était pas la bonne chose à faire à ce moment-là.
Texte à l’écran
Filles
Yuminary Bryson, Venezuela:
Mon diplôme de MBA n’était pas facile. C’était un programme difficile en général, mais j’étais là pour faire ce que je voulais faire. En même temps, je crois que ma mère est venue me visiter pour l’éte, et c’est là que le plan a commencé à mijoter : « Et si on immigrait? » Je n’étais pas convaincue à l’époque, même quand elle a dit : « Remplissons la paperasse pour commencer. C’est tout. Essayons, pour voir. » J’ai dit : « D’accord... je vais suivre l’idée. » Mais je n’ai jamais vraiment cru que je ne rentrerais jamais chez moi.
Joelle Buchanan, Jamaïque:
Oui, je sais pourquoi elle est venue. C’était une occasion d’emploi. Alors. Mais elle m’a traînée avec elle, donc, oui, la Jamaïque me manquait beaucoup.
Kateryna Stepanova, Ukraine:
Je crois qu’à l’époque ça a causé un peu de difficultés, parce que mes garçons étaient en première année et à la maternelle, et ils ne faisaient pas grand-chose à l’école. Ils devaient se concentrer sur l’anglais. Ces enfants l’ont appris si vite et ils ont rencontré d’autres enfants. Il y avait beaucoup d’immigrants à l’école. Ils se sont fait des amis rapidement. Pour moi, c’était différent. J’avais beaucoup de difficultés, émotionnellement. J’étais adolescente et c’était difficile d’apprendre la langue. Je crois que c’est là que mes parents ont en quelque sorte raté leur coup, qu’ils n’ont pas aperçu que c’était difficile. Ils me mettaient de la pression pour réussir à l’école, et ne voyaient pas que je ne me portais pas bien émotionnellement parce que j’étais seule. Je n’avais personne.
Joelle Buchanan (JB) :
Todah.
Intervieweuse :
Todah?
JB :
Oui. C’était le nom du groupe. J’y allais tous les samedis pour répéter. Nous dansions principalement de la musique gospel, et nous mettions en scène―
Charisma Grace (CG) :
Des concerts.
JB :
Oui. Et beaucoup de gens y assistaient. C’était vraiment agréable. Je m’amusais beaucoup. C’était stressant, mais après un certain temps je m’y suis habituée, parce que je devais... Parce que je devais concourir pour mon école, alors je me suis habituée à la foule, même si c’était effrayant.
Kateryna Stepanova :
Il y avait beaucoup de clubs à l’école. L’un d’eux était un instrument national ukrainien, appelé une « bandoura ». C’est un instrument qu’on ne voit qu’en Ukraine. Ce n’est enseigné nulle part ailleurs. C’est comme un croisement entre une guitare et une harpe. On la place sur les genoux et on lève une main et on joue de l’autre, et il y a plus de 80 cordes à jouer. La main gauche ne sert qu’aux cordes du haut, ce qui donne un rythme particulier. Comme tous les instruments, il faut l’accorder à la bonne clé, et je ne pouvais pas le faire. Il n’y avait que mon prof qui le faisait; il fallait un outil spécial pour le faire. Et je ne pouvais pas me permettre de l’acheter. Si quelque chose devait arriver à l’instrument, et il arrive toujours quelque chose, vous savez, un bris, une corde qui casse, peu importe, il me fallait une vraie personne pour le réparer. Et cette vraie personne serait en Ukraine. Alors il faudrait beaucoup d’argent pour l’expédier aller-retour, et mes parents n’avaient pas tant d’argent parce que l’immigration était difficile et coûteuse.
Yuminary Bryson :
La première année, je disais que je voulais seulement savoir dire : « Je viens du Venezuela. Je suis latine. » Je voulais juste... Ça me manque. Je veux écouter de la musique latine et, auparavant, j’allais partout où on annonçait une soirée latine. Je voulais y aller pour suivre mes racines. Les choses qui ne m’importaient même pas tant que ça― avant, je m’en fichais un peu, je ne sortais pas danser. Mais ici, je cherchais à faire les choses que je ne faisais pas quand je baignais dans ma propre culture.
Texte à l’écran
Mères et filles
JB :
C’était un peu ennuyant ici. Je n’avais pas vraiment d’amis ou des gens de mon âge à fréquenter, mais c’était aussi bien de voir ma mère pendant un an.
CG :
Ou un peu moins d’un an, mais ça a semblé durer un an.
JB :
Oui, ça a semblé durer pour toujours, mais—
CG :
Elle est l’une des plus importantes parties de ma vie, alors elle me manquait terriblement. Rien ne pouvait me consoler. J’étais inconsolable. Alors c’était très difficile pour moi. Dès que j’en ai eu la chance, j’ai dit, « Tu dois venir. » Parce que je ne pouvais pas partir. J’étais là. Alors ma mère a dû l’accompagner parce qu’elle ne pouvait pas venir en avion toute seule. Et bien sûr ma mère me manquait aussi, alors elles sont venues toutes les deux. Nous avons passé un si bon moment, même si tu dis t’être ennuyée.
JB :
Eh bien, il y a eu des moments.....Je voudrais devenir « OB/GYN. »
CG :
Quoi donc?
JB :
Une obstétricienne, et une gynécologue. Je pourrais habiter ici un peu. Peut-être quand j’aurai fini l’université, je pourrais rentrer en Jamaïque, possiblement. Mais je ne sais pas encore. Je ne sais pas, le domaine médical m’intéresse. Au début je voulais être pédiatre, mais je n’aime pas les enfants tant que ça. Alors―
CG :
Je ne savais pas ça.
JB :
J’ai choisi autre chose.
CG :
Je suis vraiment heureuse de voir qu’elle est devenue cette magnifique jeune femme positive qui a confiance en elle. Je suis tellement reconnaissante, parce que sinon j’aurais eu l’impression que mes efforts et mon sacrifice avaient été en vain. Je l’aurais amenée dans un lieu qu’elle déteste, où elle est misérable et inconfortable. Et ça aurait été une situation que j’aurais eu à réparer. Mais ce ‘est pas le cas. Vous savez, peut-être que je dois me réparer moi-même.
Kateryna Stepanova (KS) :
Il y a un peu plus de connexion, dirais-je, entre les gens. Mais grâce à la culture canadienne, je dirais que je suis beaucoup plus ouverte d’esprit que beaucoup de gens là-bas, que mes parents, par exemple, juste en raison de la façon qu’ils ont grandi, de la façon qu’ils perçoivent le monde. Je suis un peu plus... j’ai eu de l’expérience en Ukraine, alors je sais comment les Ukrainiens pensent. Mais j’ai aussi habité ici, et comme jeune, je vois le monde évoluer de ce côté, parce qu’ici il nous est plus disponible, c’est plus acceptable ici que là-bas. On saisit les deux moitiés et tant bien que mal on les combine en sol.
Olena Stepanova (OS) :
Je suis d’accord avec ma fille. En Ukraine, les gens sont plus actifs, plus émotionnels. Ici, ils sont plus amicaux. J’essaie de m’améliorer dans la culture canadienne. Ce n’est pas difficile pour moi, mais parfois je ne comprends pas les règles ici, et parfois ça pose problème. Au moins, quand j’ai une question, je peux la poser à ma fille ou à mes fils, et ils m’aident.
KS :
Je pense à rester ensemble et s’entraider, en s’encourageant à s’améliorer et à grandir et à apprendre. On a toujours le sentiment que même quand quelque chose n’est pas idéal, ou que quelque chose dans votre vie... qu’il est toujours possible de rentrer à la maison et on peut le résoudre, avec ou sans hurlements. Avoir ses parents et sa famille, c’est comme avoir un filet de secours, une aide additionnelle.
Omaira Ospino (OO) :
Nous avons vécu, dans notre maison, une situation très menaçante. Des gens sont entrés, nous ont gardés dans ma chambre. Ils volaient tout ce que nous avions. Ils ont mis un fusil à la tempe de ma fille. Et ça a duré près d’une heure. C’était le pire cauchemar pour moi, comme mère, de voir mes enfants ainsi, et je ne pouvais rien faire pour les protéger. Je suis déjà une mère surprotectrice. Cette situation m’a fait changer dans mon esprit, mon âme.
Yuminary Bryson (YB) :
C’était trop, ce que ça m’a imposé. Je me sentais, vous savez, contrainte dans ce que je pouvais faire. Je crois que je n’aurais pas une bonne relation avec mes propres enfants aujourd’hui si je me comportais comme ma mère l’a fait dans mon enfance. Mais c’était une époque différente, n’est-ce pas? Alors je crois que oui, je suis certainement plus indulgente.
OO :
Je vois beaucoup de force en ma fille. Je suis très fière d’elle. Même si je la vois à l’âge qu’elle a aujourd’hui, dans mon esprit elle reste ma petite fille. C’est comme voir un enfant qui a parfaitement la maîtrise de la situation.
YB:
Peut-être que ce que j’en retiens, c’est l’espoir. Oui, je veux dire, je crois que c’est ça qui me permet de continuer. C’est ça qui a permis à ma mère de continuer. C’est savoir que les choses pourraient s’arranger ou changer demain. On ne sait jamais. C’est effrayant et excitant à la fois. Donc.
Texte à l’écran
Ma mère et moi : Notre voyage
Merci au personnel du Musée canadien de l’immigration du Quai 21 et au personnel et membres du conseil de l’Immigrant Migrant Women’s Association of Halifax pour votre soutien et vos contributions à ce projet !
Merci à Omaira, Yumi, Olena, Kateryna, Charisma et Joelle qui ont généreusement partagé leur expériences et exprimé leurs pensées avec nous dans ce projet !
Mentions de source :
Histoire orale 19.09.27OS avec Olena Stepanova
Histoire orale 19.09.27KS avec Kateryna Stepanova
Histoire orale 19.09.27OSKS avec Olena Stepanova et Kateryna Stepanova
Histoire orale 19.09.27OO avec Omaira Ospino
Histoire orale 19.09.27YB avec Yuminary Bryson
Histoire orale 19.09.27OOYB avec Omaira Ospino et Yuminary Bryson
Histoire orale 19.09.28CG avec Charisma Grace
Histoire orale 19.09.28CGJB avec Charsima Grace et Joelle Buchanan
Musée canadien de l’immigration du Quai 21
Photographies :
Gracieuseté d’Omaira Ospino, Yuminary Bryson,
Charisma Grace et Olena Stepanova
Coordonnatrices des projets d’histoires orales communautaires :
Emily Burton
María José Yax-Fraser
Analyse des entrevues :
Emily Burton
María José Yax-Fraser
Nadira Al Nasleh
Assistantes d’histoire orale :
Madine Vanderplaat
Deanne Smith
Tournage et photographies en studio :
Darryl LeBlanc
Montage vidéo :
Serena Rodgers
Musique :
Awake, par Ricky Valadez
Logo du l'Immigrant Migrant Women's Association of Halifax
Logo du Musée canadien de l’immigration du Quai 21
Logo de Gouvernement du Canada