En 1959, un soulèvement national des Tibétains contre l’occupation chinoise de leur patrie a eu lieu à Lhassa. Plus de 80 000 Tibétains et Tibétaines ont été contraints de fuir vers l’Inde, le Népal et le Bhoutan. Le gouvernement canadien a finalement appuyé la réinstallation d’un petit nombre de réfugiés au Canada, alors que ceux-ci avaient passé plus d’une décennie en Inde. Cette vidéo présente les récits de la vie au Tibet, en Inde et au Canada de plusieurs personnes arrivées au Canada au début des années 1970, tels qu’ils sont relatés dans leurs entrevues d’histoire orale. Les entrevues et la vidéo sont le résultat d’une collaboration avec le projet Chyssem : Célébrer les 50 ans d’histoire des Canadiens et Canadiennes d’origine tibétaine.
(Cette vidéo n'est disponible qu'en anglais; la transcription a été traduite de l'anglais.)
Texte à l’écran
Longs voyages : Les premiers Tibétains au Canada
"Chyssem" est un terme tibétain utilisé pour décrire la qualité de se soucier du bien-être collectif, une personne ayant l’esprit communautaire. Cette expression a été choisie comme nom de projet afin de rendre hommage à la première vague de Tibétains et de Tibétaines, les membres fondateurs de la communauté actuelle du Canada, qui ont incarné cet esprit et l’ont partagé avec leurs enfants.
Le projet Chyssem : Célébrer les 50 ans d’histoire des Canadiens et Canadiennes d’origine tibétaine.
Pour marquer le 50e anniversaire des personnes d’origine tibétaine au Canada, le Musée canadien de l’immigration a collaboré avec le projet Chyssem afin de recueillir les histoires orales des premiers réfugiés qui sont arrivés au Canada au début des années 1970.
Cette vidéo partage leurs vies au Tibet, les voyages que ces gens ont faits depuis le Tibet, après 1959, pour se rendre jusqu’à leurs foyers temporaires en Inde, au Népal et au Bhoutan, et enfin jusqu’à leurs nouveaux foyers au Canada.
Musique : Tenzin Choegyal
TIBET
Texte à l’écran avec son
« L’été, c’est vraiment magnifique. Il y a toujours des fleurs, ce genre de choses. Et l’hiver, Phari est vraiment trop froide et il y a trop de neige. » Tsetan Nanglo
« Mon père et ma mère ont une sorte de ferme mixte; ils ont des yaks, des moutons, des chevaux, quelques poules. » Lobsang Tsultrim Loga
Texte à l’écran avec son, puis une vidéo
Lobsang Mentuh (avec Chimi Mentuh):
« Quand j’étais petit garçon, j’allais toujours au temple là-bas. Et maintenant, le temple n’est pas loin de ma maison…il y avait un ami, de jeunes moines. Nous étions ensemble, nous priions ensemble, puis nous jouions ensemble. Au Tibet, nous n’avions pas de jouets, mais c’étaient des petites pierres. Roches. On appelait ça rdo, quelque chose à jouer, avec la main. Et puis on faisait un peu de bricolage, un tambour, un petit tambour. Et puis chanter, pour prier. »
Yeshi W. Duntak (avec Yeshi K. Wangkhang):
« Je me souviens que mes parents parlaient de brûler des documents. Je me souviens de lui qui brûlait des choses sur le feu, et nous n’en parlions jamais. Ils nous envoyaient toujours dans une autre pièce; tout semblait vraiment secret. Je savais qu’il se passait quelque chose. Et j’avais peur, mais je ne me souviens pas vraiment de grand-chose. À l’époque, j’avais peur que mes parents ne soient enlevés, vous savez, on entendait les histoires, alors, ouais. »
Texte à l’écran
En 1959, un soulèvement national des Tibétains contre l’occupation chinoise de leur patrie a eu lieu à Lhasa.
Plus de 80 000 Tibétains et Tibétaines ont fui vers l’Inde, le Népal et le Bhoutan.
Texte à l’écran avec son
« Vous êtes dans une guerre. Vous ne pensez pas à la nourriture, vous savez? Vous sauvez votre vie. » Pema Matho
« Nous avons dû marcher pendant, je pense, deux ou trois mois. » Migmar T. Khangsar
Texte à l’écran avec son en tibétain
Tenpa Lektsog :
« Le moment que nous avons choisi pour nous échapper était le milieu de la nuit. Nous devions escalader la montagne, ce qui était très difficile; on voyait mal. Et nous avons dû transporter les enfants sur nos dos. J’avais un de mes enfants sur mon dos, ma femme en avait un, et un de nos amis a pris mon plus jeune fils sur son dos. Nous avons donc fui très silencieusement. Comme je l’ai dit, je connaissais bien la région parce que c’était la région où nous cultivions. Nous avons atteint le Bhoutan au matin. »
Texte à l’écran
Traduction du tibétain vers l’anglais par Pema Lektsog.
INDE
Les Tibétains en Inde gagnaient leur vie de différentes manières. Le gouvernement indien offrait des emplois pour la construction des routes, ainsi que des terres pour la réinstallation.
Texte à l’écran avec son
« Ma mère a ouvert un petit, tout petit restaurant à Kalimpong... Elle faisait du momo et du thukpa. » Gelek Gyathong
« Beaucoup de Tibétains travaillent pour des consulats étrangers à New Delhi. » Nyima Tsering
Texte à l’écran avec son, puis une vidéo
Yeshi K. Wangkhang et Yeshi W. Duntak :
« J’ai travaillé dans la construction de routes à l’âge de 13 ans. Construire des routes était un travail vraiment difficile et tout ça. Mais bon, pour tous les Tibétains arrivant du Tibet, peu importe qu’ils aient été riches ou pauvres, c’était le seul moyen. Pas le choix. Et c’est une très mauvaise situation. Lorsqu’on travaille à construire une route, on reste à un endroit pendant un mois, puis on déménage à nouveau. Tout ce qu’on a, c’est une tente. On installe seulement une tente. Parfois, quand il pleut, les tentes ne sont pas étanches. Plusieurs personnes en sont mortes aussi. Ouais. »
Texte à l’écran
L’UNHCR a aidé le gouvernement indien en tentant de réinstaller les réfugiés tibétains en dehors de l’Inde.
Le haut commissaire du Canada en Inde, James George, a recommandé la réinstallation d’un petit nombre de réfugiés au Canada.
Entre 1970 et 1972, 228 personnes sont arrivées au Canada, vivant dans différentes villes.
Ces personnes sont devenues l’un des premiers groupes de réfugiés non européens à être accueillis au Canada, un point tournant dans l’histoire de l’immigration canadienne.
Namchho Chhoyang et ses enfants, Dicki et Lobsang, aéroport de Montréal, 1971.
CANADA
Texte à l’écran avec son
« Eh bien, j’espère que je pourrai venir au Canada et suivre une formation d’infirmière. » Nyingko Tsering
« On est arrivés à Taber, puis le ministère de la Main-d’œuvre nous a installés dans un motel pendant 6 mois. » Phuntsok Khako
« J’ai déménagé à Calgary, puis j’ai trouvé un emploi chez CP Rail. » Norbu Rinchen Khangsar
Texte à l’écran avec son, puis une vidéo
Yeshe Jamyangling et sa fille Deki Jamyangling :
[Yeshe Jamyangling] :
« Je suis venu au Canada. Puis j’ai commencé à travailler en 1972. J’ai travaillé pendant trente-sept ans ... je fabriquais des chaises, des parapluies... l’arrivée de la télévision, c’était la grosse affaire. »
[Deki Jamyangling]: Satellite.
[Yeshe Jamyangling]: Satellite.
Dicki Chhoyang :
« J’ai encore le service à vaisselle que mes parents utilisaient au jour de l’An, parce que c’était un jour spécial. Des six assiettes, il en reste peut-être deux, mais on les a toujours. Parce que quand on était à Drummondville, c’était notre service de vaisselle de luxe. Le service de vaisselle pour le Nouvel An tibétain. Et puis, même le militantisme politique. Le 10 mars, le jour du soulèvement en 1959, il y a toujours une manifestation à proximité à Ottawa, ils ont toujours veillé à ce que nous y allions. »
Texte à l’écran avec son
Tenzin Khangsar :
« Ce qui m’a le plus marqué, je pense, ce sont les leçons de danse. Je pense qu’elles étaient les plus amusantes, si l’on peut appeler cela amusant, pour un jeune garçon qui ne voulait pas aller à l’école du dimanche... Peut-être que mes compétences en langue tibétaine et ma mémoire pour les détails concernant l’histoire et la religion sont limitées, mais la danse m’a marqué. Surtout, l’impression profonde que notre identité tibétaine, que sa différence et son caractère unique, est restée gravée dans ma mémoire. »
« J’ai toujours dit que je suis très reconnaissant envers mon père d’avoir pris la décision de nous faire venir au Canada…Pendant les deux premières années, ma mère, je me souviens, pleurait le soir disant : « Rentrons à la maison ». Mais, en fin de compte, elle était très reconnaissante. » Ngodup Garie
Texte à l’écran
De ce groupe initial de 228 personnes, le nombre de Tibétains et de Tibétaines au Canada est passé à plus de 9 300.
Recensement de 2021.
Merci à toutes les personnes présentées dans la vidéo qui ont chaleureusement partagé leurs expériences grâce à des entrevues d’histoire orale et aux images qui les accompagnent. Votre volonté de raconter vos histoires nous permet d’approfondir notre compréhension du vécu des personnes d’origine tibétaine qui ont quitté l’Inde au début des années 1970 pour venir au Canada.
Merci aux membres du projet Chyssem : Célébrer les 50 ans d’histoire des Canadiens et Canadiennes d’origine tibétaine. Merci pour votre collaboration continue, tout particulièrement Rignam Wangkhang, qui a participé à la production de la vidéo.
Merci à Tenzin Choegyal qui a gracieusement partagé sa musique.
Merci aux membres du personnel du Musée canadien de l’immigration qui ont participé à ce projet.
Entrevues d’histoire orale du Musée canadien de l’immigration du Quai 21:
Dicki Chhoyang, interviewée par Siniša Obradović [16.09.19DC]
Lobsang Mentuh et Chimi Mentuh, interviewés par Emily Burton [19.10.10LMCM]
Nyima Tsering, interviewé par Emily Burton [19.10.11NT]
Yeshe Jamyangling, avec Deki Jamyangling, interviewé par Emily Burton [19.10.11YJ]
Pema Matho, avec Sonam Matho, interviewé par Emily Burton [19.10.12PM]
Yeshi W. Duntak et Yeshi K. Wangkhang, interviewés par Emily Burton [19.10.12YWDYKW]
Phuntsok Kakho, interviewé par Chungtak Tsering [21.03.06PK]
Ngodup Garie, interviewé par Jigme Tsering [21.03.09NG]
Lobsang Tsultrim Loga, interviewé par Chungtak Tsering [21.03.10LTL]
Tsetan Nanglo, interviewé par Chungtak Tsering [21.03.14TN]
Tenpa Lektsog, avec Pema Lektsog, interviewé par Rignam Wangkhang [21.03.20TL]
Tenzin Khangsar, interviewé par Jigme Tsering [21.04.09TK]
Norbu Rinchen et Migmar T. Khangsar, interviewés par Rignam Wangkhang [21.04.14NRKMTK]
Gelek Gyathong, interviewé par Sonam Nylosang [21.05.26GG]
Nyingko Tsering, interviewée par Jigme Tsering [21.00.00NT]
Images :
Animation de la carte gracieuseté de Darryl LeBlanc.
Moulin à prières, atelier et entrevues, centre culturel tibétain canadien, gracieuseté du MCI.
Tsetan Nanglo, gracieuseté de Tsetan Nanglo, par le projet Chyssem (CP).
Lobsang Tsultrim Loga, gracieuseté de Lobsang Tsultrum Loga, par CP.
Migmar Khangsar et Norbu Khangsar, gracieuseté de Migmar et Norbu Khangsar, par CP.
Tenpa Lektsog à Phari, au Tibet, 1955 et au Canada, 2022, gracieuseté de Tenpa Lektsog, par CP.
Gelek Gyathong, Canada, 2021, gracieuseté de Gelek Gyathong, par CP.
Namchho Chhoyang avec ses enfants, Dicki et Lobsang, aéroport de Montréal, 1971, gracieuseté de Dicki Chhoyang.
Nyingko Tsering, gracieuseté de Nyingko Tsering, par CP.
Ancienne photo de groupe, Taber, Alberta, mars 1971, gracieuseté de Phuntsok Khako, par CP.
Membres du comité Canada-Tibet, Ottawa, 10 mars 1989, gracieuseté du comité Canada-Tibet (Canada-Tibet Committee).
Tenzin Khangsar, gracieuseté de Tenzin Khangsar, par CP.
Danseurs tibétains, gracieuseté de Tsetan Nanglo.
Articles et rapports :
Canada, ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration (MMI). « Tibetan Refugees: A Second Life in a New Land ». Ottawa : MMI, 1976.
« Profil du recensement, Recensement de la population de 2021 », Statistique Canada. (statcan.gc.ca).
Seonaigh MacPherson, Anne-Sophie Bentz, Dawa Bhuti Ghoso. « Migration Policy Institute, 2008.
https://www.migrationpolicy.org/article/global-nomads-emergence-tibetan-diaspora-part-i »
Jan Raska, « L’immigration tibétaine au Canada. »
https://quai21.ca/blog/jan-raska/l-immigration-tibetaine-au-canada
Jeden Tolentino, « ‘‘An Invitation to Belong’’ : The First Tibetans in Canada, 50 Years On ». Rapport de recherche sur l’histoire orale du MCI, 2021.
Musique :
« Lotus Born » , Music is Life
Tenzin Choegyal
Vidéaste (entrevues 2016 et 2019) :
Darryl LeBlanc
Production vidéo :
Emily Burton, Rignam Wangkhang, Darryl LeBlanc
Montage vidéo :
Darryl LeBlanc
D’innombrables voyages. Un Canada.
https://quai21.ca/recherche/histoire-orale