Une croix gammée peinte sur sa maison
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(Traduit d'anglais)
J’ai connu des incidents, mais c’était à mon arrivée à Prince Albert. Ce n’est que plus tard, quand j’ai eu mes deux enfants, ma fille avait deux ans, alors c’était en 1976, nous avons acheté notre première petite maison et nous sommes déménagés, mon mari et moi. À la maison, nous parlions Schweizerdeutsch, l’allemand de Suisse, et nos enfants aussi. Nous sommes déménagés dans cette petite maison et mon mari est parti à la chasse avec quelqu’un. Le lendemain de notre déménagement, quelqu’un a peint une svastika sur le devant de la maison et a écrit les mots « Foutez le camp ». Je ne savais même pas ce que ça voulait dire, mais je savais que c’était un gros mot. J’étais mère de deux jeunes enfants et je savais que c’était sérieux, nous venions d’acheter la maison, nous étions vraiment vulnérables, vous savez. Alors j’ai téléphoné à la police sans savoir qu’à cette époque Prince Albert avait mauvaise réputation, qu’on y trouvait des néo-nazis et tout ça. Je ne me souviens pas quel policier est venu constater le tout et bien sûr, ça a alerté les enfants et tout le voisinage. Ça m’a permis de connaître les voisins et nous avons finalement conclu que ça ne pouvait être l’œuvre d’enfants, en tous cas pas de jeunes enfants, car certaines lettres étaient doublées afin de renforcer le message, ce que des enfants n’auraient pas su faire.
Nous n’avons jamais su qui étaient les auteurs et nous avons peinturé par dessus et j’ai fait connaissance avec les familles, tout au moins celles qui avaient des enfants parce qu’ils sont venus voir pourquoi la police était là. Cette histoire m’a appris que c’est possible d’être pris à tort comme cible pour quelque chose qui ne vous concerne pas. Peut-être quelqu’un nous a entendu parler allemand, mais voyez, je suis née en 1947, alors je n’ai rien à y voir, ça n’a pas importance, car ce genre d’histoire vous marque. Et quand les gens me disent « Les Canadiens sont gentils », je leur réponds souvent « Pas toujours. » Je leur raconte l’histoire et ils n’ont pas grand chose à répondre, car ça m’est vraiment arrivé.
Biographie :
Annemarie Buchmann-Gerber est née à Burgdorf, en Suisse, en 1947. À l’âge de 16 ans, elle a commencé à étudier afin de devenir enseignante en économie familiale. Après quatre années d’études au collège, elle a reçu des diplômes en textiles et en alimentation. Annemarie a enseigné pendant un an avant de rejoindre son fiancé Heinz Buchmann en Angleterre. Elle y a travaillé comme domestique pendant que Heinz poursuivait des études.
Annemarie et Heinz sont retournés en Suisse pour se marier en janvier 1971. Un mois plus tard, le jeune couple a immigré au Canada. Bien que Heinz ait planifié de travailler à Belleville, en Ontario, ils se sont retrouvés à Winnipeg, au Manitoba, où le gouvernement canadien a aidé Heinz à se trouver un emploi dans une entreprise manufacturière.
Après une année, le couple a déménagé à Prince Albert, en Saskatchewan, ville où sont nés leurs deux enfants. Annemarie a enseigné à l’école secondaire le jour et a suivi des cours d’art le soir. Elle a commencé à exposer certaines de ses œuvres et au cours des années 1970, elle a contribué au démarrage du Conseil des métiers d’art de la Saskatchewan.
En 1980, les Buchmann ont déménagé à Saskatoon, où Annemarie a obtenu un baccalauréat ès beaux-arts à l’Université de la Saskatchewan. En juin 2013, elle a reçu le Prix du Premier ministre pour son travail dans l’exposition Dimensions du Conseil des métiers d’art de la Saskatchewan. Annemarie est une bénévole active qui collabore depuis les années 1980 avec la Saskatoon Open Door Society, organisme qui aide les nouveaux arrivants à s’établir au Canada.