Trouver de l’humour et renforcer ses liens familiaux pendant une quarantaine

Herman Blom s’était trouvé un emploi de soudeur à Saskatoon et sa famille était en route, mais leur brève quarantaine a laissé ce dernier sans emploi.

Sa fille, Gysje Koenderink, se souvient qu’elle a fait une traversée passionnante au cours de laquelle elle et ses cinq frères et sœurs ont vu des icebergs et des baleines. Ils ont aussi eu droit à des représentations quotidiennes d’opéra de la part de leur valet de table. Les Blom s’attendaient à passer rapidement par le Quai 21 puis à continuer leur route, mais, comme l’explique Gysje, quelque chose n’allait pas avec son frère Wally.

« Nous avons été les derniers passagers à quitter le navire, car Wally avait contracté la rougeole allemande et nous avions été mis en quarantaine, écrit Gysje. Wally a été installé à l’infirmerie du Quai 21, papa et les trois garçons dans le dortoir des hommes et maman et les deux filles dans le dortoir des femmes.

« Nos valises, nos passeports et nos papiers de débarquement nous ont été confisqués. Les portes des dortoirs étaient fermées à 22 heures. Il n’était même pas nécessaire de verrouiller les portes, car elles n’avaient pas de poignées à l’intérieur et il y avait des barreaux aux fenêtres. Comme nous n’avions pas accès à nos valises, nous lavions nos sous-vêtements dans le lavabo de la salle de bain pendant la nuit afin qu’ils soient prêts le jour suivant.

C’était une période incroyablement effrayante pour les parents de Gysje, mais ses frères, ses sœurs et elle-même, tous en bonne santé, ont fait ce que nous essayons tous de faire : ils ont trouvé de l’humour dans les petites choses de tous les jours, enfin, peut-être pas dans les choses de tous les jours, à moins que vous ne jouiez beaucoup à Patate chaude

« Les repas nous étaient servis comme dans une cafétéria. Nous n’oublierons jamais le visage de Gerry lorsque la dame qui le servait ne cessait de piquer une pomme de terre pour la mettre dans son assiette, et que le légume ne cessait de se briser. Elle a finalement regardé la pomme de terre, puis la fourchette, a posé la fourchette et a utilisé sa main pour en prendre une et la mettre dans l’assiette de Gerry. » Gysje se souvient que « les yeux de Gerry lui sont presque sortis de la tête ».

Peu de temps après, un sursis leur a été accordé (un peu comme nous, qui avons le droit de faire de courtes promenades à l’extérieur).

« Après les 48 premières heures, mon père a reçu un papier qui nous a permis de jouer les touristes à Halifax. Nous nous sommes d’abord installés sur le balcon du Quai 21 pour regarder, en larmes, le Groote Beer repartir une fois de plus vers les Pays-Bas. Nous serions repartis avec lui pour deux cents. Le quatrième jour, nos affaires nous ont été rendues et nous avons été installés à bord d’un train se dirigeant vers Saskatoon. »

Leurs premiers jours à Saskatoon ont été difficiles. En raison du retard causé par la quarantaine, le père de Gysje avait perdu son emploi.

Après un certain temps, ils ont acheté une ferme en Ontario. La vie a continué à tester les Blom. C’était encore le cas quand Gysje a présenté ses mémoires, mais ces nombreuses épreuves ont fait d’eux une famille très proche.

Gysje termine en expliquant que nous devons partager nos bénédictions et qu’il faut prendre soin les uns des autres. Nous écoutons tes conseils Gysje, et nous veillerons sur toi.

« Après la mort de papa, la santé de maman s’est dégradée. Elle a subi une opération à cœur ouvert, mais ne s’en est jamais vraiment remise. Elle a fini par avoir une insuffisance rénale.

« Tous leurs enfants ont bien réussi, et se sont tous mariés. Ils ont eu 14 petits-enfants et 9 arrière-petits-enfants. Papa est décédé d’une maladie cardiaque à l’âge de 81 ans, en mai 1995, et maman est décédée d’une insuffisance rénale à l’âge de 80 ans, en octobre 1998.

« Wally est en attente d’une greffe de rein, car ses reins ne fonctionnent plus. Pour l’instant, il doit faire de la dialyse. » Gerry va lui donner un de ses reins.

« Notre famille est formidable. Quand les choses vont mal, c’est tous pour un et un pour tous. Nous espérons que l’opération aura lieu bientôt. Tous les feux sont verts en ce qui concerne mes frères. Nous n’avons plus qu’à attendre que les médecins et l’hôpital soient prêts. » Voilà une petite parenthèse dans l’espoir que vous tous, où que vous soyez, signerez vos cartes de donneur.

« Le Canada en a beaucoup fait pour vous. Vous pouvez peut-être donner quelque chose à certains Canadiens, quelque chose sans quoi ils mourront. Nous sommes tous heureux et fiers de nous dire Canadiens. Nous aurons notre plaque sur le mur du Quai 21, alors je vous en prie, cherchez-nous. »”

Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (S2012.183.1)

Author(s)

Carrie-Ann Smith

Carrie-Ann Smith est la Vice-présidente, responsable de la mobilisation du public du Musée canadien de l’immigration du Quai 21. Elle a joint la Société du Quai 21 durant l’été 1998 et a vu l’organisation se développer à partir d’une idée pour devenir d’abord un centre d’interprétation puis, un musée national. Bien qu’elle ait occupé plusieurs postes au Musée, la collecte et le partage d’histoires ont toujours été ce qu’elle aime le plus. Et c’est toujours vrai !