Mes dix dernières années en tant qu'immigrante au Canada travaillant dans un musée de l'immigration

Au Musée canadien de l'immigration du Quai 21, nous recueillons et racontons les histoires des immigrants qui sont venus et qui continuent de venir au Canada pour se faire un nouveau foyer.

Quelques-unes de ces histoires sont utilisées dans les expositions permanentes, en ligne et dans les expositions itinérantes actuelles et futures. Tout récemment, nous avons accueilli notre exposition itinérante, Canada : Jour 1.

Cette exposition itinérante explore les souvenirs, les impressions et les expériences vécues par les immigrants lors de leurs premiers jours au Canada, de la Confédération de 1867 jusqu'à nos jours. Bien que ces histoires couvrent une large période de l'histoire canadienne, certaines expériences émotives demeurent similaires à travers le temps. En tant qu'interprète du patrimoine et immigrante, je me sens donc liée à certaines de ces histoires.

La citation suivante nous vient de Chris Debruyne, arrivé des Pays-Bas le 10 avril 1950. C'est ma citation préférée de l'exposition Canada : Jour 1 :

« On y pense sérieusement, laisser tout ce qui nous tient à cœur... mes frères et sœurs, ma famille et mes amis. Mes connaissances... la terre qui m'a vu naître, oui, on quitte tout... Les reverrai-je jamais? »

Oui, cette citation englobe les mêmes préoccupations et les mêmes sentiments que j'ai eus lors de mon arrivée au Canada, bien que je sois arrivée ici près de 60 ans plus tard.

J'ai laissé ceux que j'aime dans une situation dangereuse. J'ai laissé ma grande famille au Burundi, où les menaces de mort et les attaques sont une réalité quotidienne.

Je garde de bons souvenirs de ma famille qui est restée là-bas. En tant que cadette d'une famille de deux fils et de cinq filles, j'ai toujours été inondée d'amour et d'affection. Ma famille qui est toujours au Burundi me manque cruellement.

J'ai fêté mon 10e anniversaire au Canada le 9 octobre 2017.

Dans cet article de blogue, j'ai choisi de me concentrer sur les expériences que j'ai vécues au cours des dix dernières années.

Pendant mes cinq premières années au Canada, j'avais une grande douleur au cœur, car je m'inquiétais pour la sécurité de ma famille. Cette douleur est toujours là, mais j'ai appris à vivre avec. J'ai également eu à surmonter la difficulté d'apprendre à vivre dans un nouveau pays. J'ai découvert que commencer une nouvelle vie dans un pays étranger, c'est comme naître à nouveau. Pendant les premières années, j'étais comme une enfant qui apprend à marcher. Cependant, cette fois-ci, j'ai appris à marcher sans mes parents pour m'accompagner dans mes premiers pas. Comme une enfant, j'ai dû apprendre à parler. J'ai dû apprendre à acheter de la nourriture à l'épicerie et à cuisiner ces aliments à la maison. Puis l'hiver d'Halifax est arrivé. J'ai dû apprendre à m'habiller de nouveau, mais cette fois-ci, pour me protéger du froid.

C'est un processus qui a pris du temps.

Affronter toutes ces difficultés et ces défis quotidiens m'a vraiment fait grandir comme personne. Surmonter ces défis m'a permis d'être et d'accepter qui je suis aujourd'hui.

Dans les 10 années qui ont suivi mon arrivée au Canada, j'ai pu accomplir les choses suivantes :

  • Je suis devenue interprète du patrimoine au Musée canadien de l'immigration du Quai 21. Depuis mon arrivée au Canada, cet endroit est devenu tellement important pour moi.

     

  • Je suis maintenant citoyenne canadienne et j'en suis honorée.
  • Je suis mère d'un fils de neuf ans et d'une fille de deux ans et onze mois. Ces deux Burundo-Canadiens sont ma plus grande réalisation à ce jour.

Depuis mon arrivée au Canada, je suis retournée à la maison pour rendre visite à ma famille une seule fois, au mois de décembre 2012. Les choses avaient changé en 5 ans. J'avais peur de prendre le taxi toute seule ou de marcher seule dans mon quartier. J'ai eu l'impression d'être touriste dans mon pays natal. La ville où j'ai grandi était complètement différente.

Nous étions au Burundi pendant la période des Fêtes et les choses n'étaient pas comme avant. La situation économique ne permettait pas de célébrer Noël comme dans les années précédentes (et ce problème perdure). En raison de la guerre civile qui s'est déroulée pendant la dernière décennie, la situation économique du pays a chuté sous le seuil de pauvreté. Peu d'enfants ont la chance de recevoir des cadeaux de Noël.

Retourner là-bas m'a fait réaliser à quel point je suis chanceuse d'être au Canada. Je suis reconnaissante de ce que j'ai. Nous sommes tous en sécurité. Personne n'essaie de nous tuer. Au lieu de cela, mes enfants peuvent aller à l'école et rêver comme tous les enfants devraient pouvoir le faire.

Bien que j'aie dû faire face à de nombreux défis en immigrant au Canada, repenser à la dernière décennie de ma vie que j'ai passée ici me confirme que je ne changerais pas la façon dont ma vie s'est déroulée. Je suis heureuse d'être au Canada et je suis fière de l'endroit d'où je viens.

Angelique et sa famille séance sur un banc de parc un jour ensoleillé
Angelique, Bonaventure et leurs enfants, Miguel et Éden

Avez-vous une histoire d'immigration? Si vous souhaitez partager vos souvenirs et vos expériences personnelles, nous vous prions de bien vouloir partager votre histoire avec nous.

Author(s)

Angelique Cishahayo

Angelique Cishahayo est la coordinatrice de l'interprétation et de l'expérience du visiteur au Musée canadien de l'immigration au Quai 21 Elle est une ancienne participante au programme Bienvenue chez vous au Canada.